Franck Attia
Arnaque au transporteur
Sur des sites de vente entre particuliers, des escrocs, à l’aide d’annonces alléchantes, proposent aux acheteurs de payer directement les produits au transporteur. Une proposition censée rassurer le client et renforcée par l’envoi d’un bon de suivi. Problème : les sociétés de livraison ne sont en aucun cas des intermédiaires financiers, et le bon de suivi ne garantit en rien l’envoi du colis par le vendeur. L’acheteur ne recevra jamais ses produits.
L’alerte vient du Centre européen des consommateurs, qui a pour mission principale d’informer et conseiller les consommateurs sur leurs droits en Europe. Elle concerne plus particulièrement les amateurs d’appareils photo et d’objectifs de grande qualité, donc très chers. Par exemple, l’objectif asphérique Leica Noctilux 50 mm f/0,95 vendu aux alentours de 8 000 € dans le commerce et proposé sur Internet pour 3 500 €. Ou le pack Nikon D700 avec les objectifs AF-S 24-70 mm f/2.8 et AF-S VR 70-200 mm f/2.8 pour 2 250 €, quand le tout vaut près du triple. Des offres alléchantes. Un peu trop pour être honnêtes.
Ces appareils sont toujours vendus neufs et leur propriétaire les propose sur des sites classiques de vente entre particuliers comme eBay ou Leboncoin. L’arnaque, car il s’agit bien d’une arnaque, réside dans le mode de livraison et de paiement.
Le vendeur, qui réside toujours dans un autre pays européen, indique, pour rassurer le potentiel acheteur, que le montant de la commande ne sera débité qu’au moment de la confirmation de la livraison, le paiement se faisant par l’intermédiaire du transporteur qui remettra au client une facture en bonne et due forme lors de la livraison. Le vendeur envoie à l’acheteur un numéro de suivi de colis du transporteur. Rassuré, l’acheteur procède alors au virement sécurisé vers la société de transport, souvent une entreprise renommée (DHL…). C’est à ce moment que l’acheteur valide définitivement son paiement. C’est à ce même moment également que le vendeur, son pseudo matériel et votre argent, bien réel, disparaissent dans la nature.
Plusieurs mises en garde et conseils permettent de se prémunir de ce genre de déconvenue, qu’il s’agisse de matériel photo ou autre :
– Même si les prix ont tendance à être un peu inférieurs sur Internet que dans le commerce classique, un objectif photo qui passe de 8 000 à 3 500 €, la remise est trop belle pour être vraie. Une telle baisse de prix est irréaliste et n’a aucun sens.
– Les transporteurs (DHL, UPS…) ne sont pas des services de transaction financière. D’ailleurs, DHL précise sur son site Internet : « Nous tenons à vous rappeler que DHL ne requiert pas un tel mode de paiement (ndlr : par virement). De manière générale, DHL réclame exclusivement les sommes associées officiellement aux expéditions effectuées. »
– Comme nous le précisions dans un autre article, le bon de suivi d’un transporteur ne certifie pas que le colis a effectivement été déposé auprès du transporteur. Il indique simplement que l’expéditeur a déclaré qu’il comptait le faire. Ce qui lui suffit pour obtenir un numéro de colis et le transmettre à sa « proie » pour la rassurer.
– Au moment de procéder au paiement du transporteur (même si ce mode de paiement doit être proscrit), vérifiez son adresse e-mail sur son site Internet, et vous verrez qu’elle est différente de celle transmise par le vendeur.
– Lors de vos échanges de courriels avec le vendeur pour vous mettre d’accord sur le prix et le produit, n’hésitez pas à copier simplement une partie du texte envoyé par le vendeur et à la coller dans la zone de recherche d’un moteur de recherche (Google…). Dans la grande majorité des cas, vous vous apercevrez que le vendeur est un récidiviste et qu’il envoie toujours le même argumentaire à ses potentiels clients pour les convaincre de faire affaire avec lui.