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Déchets recyclables

Les points noirs du business vert

Malgré la multiplication des filières de tri, le taux de recyclage des déchets n’est que de 23 % en France. Un échec patent des éco-organismes, et une gestion qui coûte cher aux consommateurs.

Un grand bazar qui coûte plus d’un milliard d’euros par an aux consommateurs. C’est le constat dressé par l’UFC-Que Choisir au terme de son étude sur les éco-organismes, ces sociétés privées qui gèrent les déchets recyclables. Emballages, piles, ampoules, équipements électriques et électroniques, pneus, textiles, meubles, etc., chaque filière a le sien. Sur le principe rien à redire, recycler en matière première tout ce qui peut l’être au lieu d’incinérer ou de mettre en décharge, c’est parfait. Dans la pratique en revanche, ce milliard d’euros prélevé chaque année sur les consommateurs quand ils font leurs achats est bien mal utilisé. L’efficacité n’est pas au rendez-vous. Ainsi, après plus de vingt ans d’existence, Eco-Emballages n’a pas atteint le taux de 75 % de recyclage qui lui était fixé. Et avec 6,9 kg par habitant et par an, la filière des équipements électriques reste en deçà de l’objectif inscrit dans son cahier des charges. Ce n’est pourtant pas faute de dépenses de communication. Elles ont augmenté de 17 % en trois ans pour les emballages, alors que le taux de recyclage n’a progressé que de 4 %. Toutes les filières sont touchées par ces dérives. Chaque éco-organisme fait sa publicité, sur sa marque et sur le geste de tri, alors qu’il est déjà assimilé par 91 % de la population ! Pourtant, le grand public continue à s’interroger sur ce qui se recycle ou pas, sur les lieux de collecte ou encore la bonne couleur de la poubelle.

Gabegie généralisée

Financées par les consommateurs bien malgré eux, ces publicités qui s’ajoutent les unes aux autres représentent une vraie gabegie, qui s’explique par l’absence de contrôles. L’État délivre les agréments aux éco-organismes, il établit leurs cahiers des charges mais ne se donne pas les moyens de les faire respecter. Cinq acteurs publics sont chargés du contrôle, aucun n’a autorité sur l’ensemble, et les sanctions prévues n’ont rien de dissuasif : 30 000 € d’amende au plus. Quant au retrait de l’agrément, a priori redoutable, il reste fictif. Retirer l’agrément à un éco-organisme en situation de monopole est impossible, sous peine de désorganiser la filière. Cette absence de surveillance et de sanctions entraîne des dérapages. Les objectifs de recyclage ne sont pas atteints ; la prise en charge des coûts et le montant des soutiens font l’objet de fortes dissensions entre collectivités locales qui collectent et éco-organismes qui doivent financer ; le conflit d’intérêts est permanent entre la mission de service public des éco-organismes et leur statut de société privée avant tout redevable à ses actionnaires contributeurs, les entreprises qui mettent les produits sur le marché. Face à cette mauvaise gouvernance et à l’utilisation peu performante des fonds prélevés sur les consommateurs, l’UFC-Que Choisir demande la création d’une haute autorité indépendante chargée de réguler, de contrôler et de sanctionner l’ensemble des filières et des éco-organismes, de s’assurer du respect du cahier des charges et de l’optimisation des coûts.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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