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Haïti

Comment donner sans se tromper

Devant la terrible catastrophe qui a frappé Haïti, nombreux sont ceux qui souhaitent soutenir une association humanitaire. Quelques conseils pour que votre argent aille bien aux destinataires.

Devant les images de désolation en provenance d'Haïti, le premier réflexe est de manifester sa solidarité en aidant une ONG. Puis vient un moment d'hésitation : l'argent versé sera-t-il vraiment profitable aux victimes ? Premier conseil à suivre pour s'en assurer : donner à une association ayant pignon sur rue. Faire face à des catastrophes de cette ampleur nécessite un professionnalisme qui n'est pas à la portée des petites structures montées sous le coup de l'émotion. Fuyez aussi les vrais arnaqueurs qui sollicitent vos dons par courriel ou SMS et dont vous n'aviez jamais entendu parler précédemment. Le FBI s'est d'ailleurs fendu d'une alerte contre les escroqueries de ce type à l'intention des donateurs américains. L'utilisation de SMS surtaxés n'est pas recommandée non plus : la traçabilité du don est mal assurée. Renoncez aussi aux dons en nature, qui embarrassent plus les associations qu'ils ne les aident.

Le mieux est de faire un chèque à envoyer par courrier. Si vous préférez payer via le Web, vérifiez bien que vous êtes sur une page sécurisée (présence du cadenas en bas à droite et du https dans la barre d'adresse).

Des dons réaffectés en 2004

Ces principes posés, le choix de l'association est délicat. D'autant que la catastrophe aussi soudaine qu'imparable survenue en Haïti rappelle le tsunami de décembre 2004. Et qu'à l'époque, la gestion des dons par les ONG avait grandement laissé à désirer. Nombre d'entre elles avaient profité de l'émotion collective pour multiplier les appels à la générosité publique alors que les besoins réels pour faire face à l'urgence étaient relativement restreints. À peine un mois après le séisme, beaucoup avaient réaffecté une partie des dons vers des causes qui n'avaient rien à voir avec la catastrophe, au mépris de l'intention des donateurs. Plus transparente, Médecins sans frontières (MSF) avait averti au bout de quelques jours qu'elle avait récolté un montant suffisant pour l'aide d'urgence, bientôt imitée par Handicap International et l'UNICEF. Deux ans plus tard, la Cour des comptes a dressé un tableau peu flatteur de l'action de beaucoup d'associations sur place, submergées par le montant des dons, se battant pour attirer les bénéficiaires (1)... Un an après le séisme, des sommes considérables restaient inemployées : 85 % des dons « tsunami » pour la Croix-Rouge, 80 % pour le Secours catholique, par exemple. La Cour des comptes a poursuivi son travail et devrait publier au printemps un nouveau rapport faisant état des contrôles opérés en 2009. Certains confrères ont publié des bribes d'informations sur le contenu de ce rapport, mettant en cause nommément plusieurs associations, mais la Cour a démenti formellement.

Bâtiments médicaux détruits

Le risque d'excès de dons est-il à craindre dans le contexte d'Haïti ? Sans doute moins qu'en 2004. À MSF, en tout cas, on ne l'envisage pas à court terme : « Lors du tsunami, nous avons su rapidement que les dons allaient être excessifs par rapport à ce que nous pourrions faire, explique la porte-parole Caroline Livio. D'autant que la vague avait malheureusement beaucoup tué mais peu blessé. Étant une association spécialisée dans l'aide médicale d'urgence, nous avons rapidement rempli notre mission. Le cas d'Haïti est différent, non seulement parce que les besoins de soins semblent considérables, mais parce que nous avions plusieurs bâtiments médicaux sur place qui ont été détruits et qu'il faudra reconstruire. » MSF fait partie des associations qui avaient reçu un satisfecit à l'issue du contrôle de la Cour de comptes sur les dons du tsunami, tout comme, parmi les structures importantes, Action contre la faim, Handicap international, l'UNICEF, le Secours populaire ou encore la Fondation de France. Cette dernière a d'ailleurs lancé ses appels aux dons en partenariat avec Radio France et France Télévisions. Elle n'agit pas directement mais en finançant des projets précis d'autres associations, non sur le terrain de l'urgence mais de la reconstruction. Ce qui sera également fort utile.

Dernier conseil : si vous ne souhaitez pas voir votre boîte aux lettres envahie d'appels aux dons dans les mois qui viennent, précisez d'emblée que vous vous opposez à la cession de vos coordonnées aux organismes tiers.

1. Le bilan général : http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/COFAGP/RapportTsunami.pdf

Et les comptes de 32 associations : http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/COFAGP/RapportComptesEmploi32Organismes.pdf

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