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Microsoft se frottera à la concurrence

Bruxelles et Microsoft sont finalement parvenus à un accord dans le dossier des navigateurs web. Pour obtenir de la Commission européenne qu'elle classe son enquête sur un éventuel abus de position dominante, l'éditeur a accepté d'intégrer à Windows un écran multi-choix (« ballot screen ») permettant au consommateur de choisir entre Internet Explorer, Mozilla Firefox, Google Chrome, etc.

C'est, pourrait-on dire, un réflexe. Pour se connecter à Internet depuis leur ordinateur, la majorité des utilisateurs cliquent sur le grand « e » de couleur bleue qui trône sur leur bureau. Cette icône, c'est celle d'Internet Explorer, un logiciel - un navigateur Internet, plus précisément - édité par Microsoft. Grâce à son installation par défaut dans tous les ordinateurs équipés de Windows, il s'est logiquement imposé face aux concurrents que sont Mozilla Firefox, Apple Safari, Google Chrome ou encore Opera Software... Ceux-là, en effet, il faut les télécharger, puis les installer soi-même sur son ordinateur, pour pouvoir les utiliser.

À partir de mars prochain, les choses vont changer. Microsoft s'est en effet engagé à offrir aux utilisateurs de Windows (XP, Vista, 7) la possibilité de choisir un autre navigateur. Un écran multi-choix (« ballot screen ») affichera les douze navigateurs les plus courants. L'utilisateur n'aura plus qu'à cliquer sur celui de son choix (lire l'encadré pour les détails pratiques). En échange, la Commission européenne a consenti à abandonner l'enquête qu'elle menait depuis janvier 2008 sur un éventuel abus de position dominante du géant américain.

L'accord donne également le droit aux fabricants d'ordinateurs utilisant Windows de désactiver Internet Explorer et de le remplacer par un autre navigateur par défaut. Concrètement, un fabricant pourra signer un contrat avec Google (le seul à avoir l'envergure de telles négociations) pour implémenter son navigateur Chrome dans ses ordinateurs. Dans ce cas, l'écran multi-choix ne sera toutefois pas présenté à l'utilisateur... D'où l'éventualité de voir émerger, dans les années qui viennent, un duopole entre Google et Microsoft. Reste que l'UFC-Que Choisir ne peut que saluer cette avancée qui laisse une chance à la concurrence de s'installer dans l'univers des navigateurs web.

En pratique

L'écran multi-choix sera mis en place à partir de la mi-mars 2010. Dans la pratique, les utilisateurs y accéderont en procédant à la mise à jour de leur système via Windows Update. Une page expliquera en préambule de quoi il s'agit, puis s'affichera l'écran multi-choix.

Les cinq navigateurs les plus utilisés seront mis en avant, dans un ordre aléatoire. Les sept autres seront accessibles plus loin, via la barre de navigation, toujours en ordre aléatoire. Ils seront mis à jour régulièrement, de sorte que l'utilisateur dispose toujours des dernières versions.

Changer de navigateur n'est ni obligatoire, ni définitif. Une icône représentant l'écran multi-choix sera installée sur le bureau de l'ordinateur pour qu'il soit possible d'y accéder à tout moment.

Faut-il changer ?

Rien n'oblige un utilisateur à changer de navigateur s'il est satisfait d'Internet Explorer. Mais les autres navigateurs ne sont pas dénués d'intérêt, loin de là. Car l'hégémonie de Microsoft a contraint les autres éditeurs à fourmiller d'idées pour se démarquer. Par exemple, la navigation par onglet, qui permet d'ouvrir plusieurs pages dans une seule et même fenêtre, est apparue chez Mozilla Firefox avant que Microsoft ne s'en empare. À l'usage, Google Chrome se révèle plus rapide (indépendamment du débit de la connexion Internet) que les autres... À chacun ses préférences, mais essayer un autre navigateur, c'est souvent l'adopter.

Internet Explorer largement dominant

Parce qu'il est installé par défaut dans tous les ordinateurs fonctionnant sous Windows, Internet Explorer domine largement le monde des navigateurs web avec plus de 63 % de parts de marché dans le monde. Suivent Mozilla Firefox (24,7 %), Apple Safari (4,3 %), Google Chrome (3,9 %) et Opera (2,3 %). Les autres se partagent environ 1 % du marché restant (source : NetApplications, octobre 2009).

Camille Gruhier

Camille Gruhier

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