
par Rosine Maiolo
par Rosine Maiolo
Les frais d’agence à la charge des locataires restent inchangés, c’est ce que vient de décider le Conseil d’État. Par une décision rendue le 7 mai 2025, il a jugé que le gouvernement n’était pas tenu de réviser automatiquement et annuellement les plafonds fixant ces honoraires. Un arrêt qui conforte le statu quo, au grand dam des professionnels du secteur, mais à l’avantage des locataires. Retour sur un dispositif instauré pour mettre fin à des abus.
Dans l’affaire jugée le 7 mai 2025, le Conseil d’État a rejeté la requête d’un requérant, M. A. B., qui contestait le refus implicite du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de réviser les plafonds des honoraires d’agence à la charge des locataires. Selon lui, ces plafonds – fixés en 2014 – auraient dû être ajustés régulièrement. À l’appui de son recours, il cite l’article 3 du décret du 1er août 2014 : « Les plafonds […] sont révisables chaque année au 1er janvier par arrêté du ministre chargé du Logement en fonction de la variation annuelle du dernier indice de référence des loyers. »
Mais la plus haute juridiction administrative n’a pas suivi son raisonnement. Elle rappelle qu’aucune disposition du décret n’impose au gouvernement une révision automatique. La référence à l’indice de référence des loyers (IRL) dans le texte ne suffit pas à créer une obligation annuelle de revalorisation, en l’absence de seuil ou de mécanisme clair de calcul indiqué dans le texte. En d’autres termes, le fait que les plafonds soient révisables chaque année ne signifie pas qu’ils doivent l’être chaque année. En conséquence, le gouvernement n’était pas légalement tenu de faire varier ces limites et son refus n’est pas illégal. Ce raisonnement avait déjà été retenu dans une affaire similaire en décembre 2024 (CE, 20 déc. 2024, n° 492726), introduite par trois fédérations professionnelles : la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), le Syndicat national des professionnels immobiliers (SNPI) et l'Union des syndicats de l'immobilier (Unis).
Avant la mise en place du plafonnement par la loi Alur du 24 mars 2014, la loi prévoyait un partage par moitié entre le bailleur et le locataire des frais liés à la rédaction du bail mais les honoraires d’agence étaient libres. Les locataires pouvaient ainsi se voir facturer des frais équivalents à un mois ou un mois et demi de loyer, sans encadrement. Résultat : dans les grandes villes, les frais d’entrée dans un logement pouvaient atteindre largement plus de 1 000 €, ce qui représentait un véritable frein à la mobilité résidentielle. Pour y mettre fin, la loi Alur a posé un principe de répartition des frais entre le bailleur et le locataire, avec des plafonds stricts fixés par décret.
Depuis cette date, les frais d’agence qu’un professionnel peut imputer au locataire concernent exclusivement quatre types de prestations. Les trois premières portent sur la mise en location : organisation des visites du logement ; constitution du dossier du locataire ; rédaction du bail. La dernière a trait à la réalisation de l’état des lieux d’entrée. Ces frais sont partagés entre bailleur et locataire et le montant payé par le locataire ne peut excéder celui payé par le bailleur.
Les plafonds fixés par le décret varient selon les zones géographiques. Il faut en distinguer trois :
À noter qu’il s’agit de plafonds, c'est-à-dire de montants maximums et non d’un forfait.
Pour les honoraires liés à l’établissement de l’état des lieux d’entrée, le plafond est unique et vaut pour l’ensemble du territoire. Il s’élève à 3 € par mètre carré de surface habitable. Ce barème, instauré en 2014, reste à ce jour figé à 12 €, 10 € ou 8 €/m² selon la zone, plus 3 €/m² pour l’état des lieux, conformément à la volonté du gouvernement validée par le Conseil d’État. À titre indicatif, s’ils avaient été ajustés selon la variation de l’indice de référence des loyers (IRL) sur la période, ces plafonds seraient aujourd’hui supérieurs d’environ 16 %.
Outre les prestations de mise en location et d’état des lieux d’entrée partagées avec le locataire, les agences peuvent facturer d’autres frais au propriétaire-bailleur, notamment :
Ces sommes sont intégralement à la charge du bailleur et ne peuvent en aucun cas être répercutées au locataire, même partiellement.
Bon à savoir Les locations entre particuliers échappent à ce plafonnement. Ce dispositif ne concerne que les locations gérées par un professionnel (agent immobilier, administrateur de biens…). Entre particuliers, aucuns frais ne peuvent être exigés au locataire au titre de ces prestations.
Un exemple pour comprendre
Un professionnel qui intervient dans le cadre de la location d’un appartement de 32 m² à Paris (zone très tendue), loué 1 400 € par mois, peut réclamer :
Ainsi, il pourra être demandé au locataire de payer au maximum 480 € au titre de la rémunération du professionnel.
Rosine Maiolo
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