
par Marie-Amandine Stévenin
par Marie-Amandine Stévenin
L’été touche à sa fin et, avec lui, éclipse doucement la saison des festivals musicaux… S’il y en a eu pour tous les goûts, certains excès s’agissant des droits des consommateurs sont sérieusement venus gâcher la fête. Comme évoqué déjà en 2019 par l’UFC-Que Choisir, parmi les pratiques problématiques constatées : l’obligation de recourir au système de "cashless" aux conditions d’utilisation contestables et rendant impossible le paiement en espèce sur place, ou encore les conditions de chargement/rechargement et de remboursement des fonds non utilisés parfois en violation des dispositions tant du droit de la consommation que du droit financier… Voici quelques tristes exemples soulignant que la musique n’adoucit pas les mœurs de certains professionnels.
Sous couvert de sécurité, certains festivals exigent comme seul et unique mode de paiement le "cashless" ou "paiement sans espèces", via un bracelet dédié, alors même que la Loi impose aux professionnels d’accepter les espèces, sous peine de contravention…
Ces bracelets se révèlent alors être de véritables menottes aux poignets des consommateurs. Présentés comme la solution idéale pour éviter les files d’attente et sécuriser les paiements, ces dispositifs ne sont pourtant pas sans faille pour les festivaliers. Loin de la simplicité promise, le "cashless" peut rapidement se transformer en parcours du combattant. Points de rechargement saturés et process difficile, absence totale d’alternative de mode paiement, délais de remboursement trop brefs et aléatoires, commissions et frais cachés en tout genre. Le parcours peut s’avérer tout sauf fluide en pratique ! Et comme si cela ne suffisait pas, ces dispositifs ignorent souvent les principes généraux du droit de la consommation, en particulier l’exigence d’une information préalable claire, loyale et compréhensible du consommateur, de sorte qu’il se retrouve piégé dans un système peu transparent souvent dissuadé, par exemple, de récupérer les sommes restantes sur le bracelet… De quoi déchanter non ?
En outre, ces systèmes de paiement encouragent une consommation accrue : payer d’un simple mouvement de poignet incite naturellement à dépenser davantage, souvent sans mesurer réellement ses dépenses, a fortiori dans le contexte festif d’un festival. Quant aux soldes inutilisés, ils enrichissent discrètement les organisateurs, certains avouant même que cette manne permet parfois d’éponger leurs dettes. À cela s’ajoute un enjeu inquiétant de confidentialité : sous prétexte de mieux organiser l’événement, ces bracelets "cashless" enregistrent et exploitent des données détaillées sur les habitudes de consommation des festivaliers. Même anonymisées, ces données constituent à mes yeux une intrusion supplémentaire dans la vie privée des consommateurs.
C’est la raison pour laquelle j’ai demandé, cet été, à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et la Répression des Fraudes de diligenter des contrôles et sanctionner les abus constatés, et j’invite plus largement les pouvoirs publics à s’intéresser attentivement au système du "cashless" pour prévoir un encadrement garantissant les droits des consommateurs et la loyauté de l’information. En tout état de cause, même si les festivals sont l'occasion de se détendre, il ne saurait être admis que les droits des consommateurs y soient mis au repos.
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
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