BILLET DE LA PRÉSIDENTE

SantéLe gouvernement veut augmenter l’impôt… sur la maladie

Marie-Amandine Stévenin

par Marie-Amandine Stévenin

Alors que François Bayrou annonce un effort colossal de près de 44 milliards d’euros pour redresser les finances publiques en 2026, 5,5 milliards doivent spécifiquement être économisés dans le domaine de la santé. Et à travers ce chiffre majeur, un principe dangereux s’installe dans le débat public : la « responsabilisation » des patients. Derrière cette rhétorique se cache en réalité une logique brutale et immorale : faire payer les malades.

Le Premier ministre propose de doubler le plafond annuel de participation des patients à l’achat de médicaments, passant de 50 à 100 €. Le message est clair : « vous consommez trop », « vous abusez », donc « vous paierez plus ». Or, pour les personnes atteintes de maladies chroniques, pour les familles modestes ou les personnes âgées, cette mesure n’est pas un simple signal : c’est une ponction directe et injuste sur leur pouvoir d’achat s’inscrivant dans un contexte généralisé de hausse du prix des soins qui chaque jour accroît la cohorte des malades devant renoncer à se soigner pour des raisons financières.

Cette augmentation du reste à charge frappe uniquement celles et ceux qui sont contraints de recourir aux soins, aux médicaments qui sont pourtant prescrits par des médecins, et elle le fait sans distinction de revenus ni de choix personnel. Autrement dit, elle constitue, de fait, une forme d’impôt sur la maladie.

Autre annonce lourde de conséquences : la fin de la prise en charge à 100 % des médicaments remboursables par l’Assurance maladie sans lien direct avec l’affection longue durée (ALD), même pour les patients en ALD – soit les médicaments qui peuvent viser les effets indésirables et la qualité de vie, sans traiter directement la maladie. Les personnes en ALD assument pourtant déjà des restes à charge importants – 840 € par an en moyenne. Ce recul de la solidarité nationale va forcer certains patients à arbitrer entre leurs traitements et leurs dépenses courantes. Et derrière ce choix, c’est la santé elle-même qui se fragilise.

Sous couvert d’équité budgétaire, on met surtout en œuvre une politique de désengagement progressif de l’Assurance maladie, qui risque d’aggraver les inégalités d’accès aux soins et de renchérir encore le coût des complémentaires santé.

Cette dynamique est préoccupante : elle transforme un droit fondamental – celui de se soigner – en un arbitrage individuel qui va peser de manière disproportionnée sur les plus précaires.

Nous, à l’UFC-Que Choisir, refusons cette logique qui culpabilise les malades et affaiblit les principes de solidarité. La santé n’est pas une variable d’ajustement budgétaire ni un privilège pour les bien-portants. Elle doit rester un pilier de notre pacte républicain, un bien commun financé équitablement, en fonction des moyens de chacun – et non des pathologies qu’il subit.​​​​​​

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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