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Antibiotiques

C'est toujours trop automatique

« Si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts » : tel est le nouveau slogan de l'Assurance maladie, qui repart en campagne pour promouvoir le bon usage des antibiotiques. Le propos, cette fois, est d'expliquer que l'utilisation de ces médicaments entraîne une baisse de leur efficacité, c'est pourquoi ils doivent absolument être réservés aux affections pour lesquelles ils sont efficaces. C'est loin d'être le cas.

Tout le monde l'a entendu : « Les antibiotiques, c'est pas automatique ». Lancé avec la première campagne de l'Assurance maladie en 2002, ce slogan avait été suivi d'une baisse des prescriptions. Mais au cours des derniers hivers, une reprise de la consommation a été observée, en particulier chez les adultes avec une augmentation de plus de 9 % entre les hivers 2006-2007 et 2007-2008. Or, cet automatisme est dangereux. L'Assurance maladie lance une nouvelle campagne afin d'en expliquer la raison.

Le nouveau slogan, « Si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts », illustre ce qu'on appelle la « résistance bactérienne » : les souches de bactéries, qui sont normalement détruites par un antibiotique, finissent par ne plus se faire avoir. Cette perte d'efficacité peut avoir des conséquences dramatiques : des bactéries résistantes sont impliquées dans le décès de 25 000 patients en Europe chaque année.

Ce phénomène de résistance est pour partie naturel, mais il est favorisé par l'usage des antibiotiques. Quand cet usage est justifié, c'est une contrepartie acceptable. Quand la prescription est indue, cette conséquence devient inadmissible. C'est tout le problème : actuellement, en France, près de 40 % des antibiotiques sont injustifiés. Les maladies virales telles que bronchite, rhinopharyngite, syndrome grippal constituent le premier motif de prescription. Or les antibiotiques ne combattent pas les virus. Ils sont donc parfaitement inutiles dans ces affections. Ces prescriptions à tort s'avèrent doublement idiotes. D'une part elles n'aident pas le patient à guérir, d'autre part elles contribuent à la perte d'efficacité des antibiotiques et donc à ne pas soigner ceux qui en auront vraiment besoin.

À l'occasion du lancement de cette campagne grand public, l'Assurance maladie est toutefois restée assez discrète sur les causes de ces prescriptions inutiles. Elle évoque vaguement le fait que la quasi-totalité des médecins a été confrontée à un patient insistant... Certes, il est bon que les patients comprennent. Mais il faut surtout que les médecins n'en prescrivent plus inutilement. Une information professionnelle est prévue à cet effet. Car aujourd'hui, le mésusage des antibiotiques n'est ni conditionnel ni futur : on les donne à tort et donc ils sont moins forts.

Perrine Vennetier

Perrine Vennetier

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