Arnaud de Blauwe
Entente sanctionnée
Les faits sont anciens mais la sanction vient de tomber : l’Autorité de la concurrencé a infligé une amende totale de 9,3 millions d’euros à la Fnac, France Billet (filiale de la Fnac) et Ticketnet. Il est reproché à ces réseaux de billetterie de s’être entendus, de 2004 à 2008, pour fixer en commun le montant des commissions réclamées aux organisateurs de spectacles et pour empêcher, entre 2007 et 2008, l’arrivée d’un nouveau concurrent, Digitick.
C’est une vraie nébuleuse qui gravite autour de la distribution des billets de concerts, comédies musicales, pièces de théâtre, rencontres sportives… Entre le flou qui règne sur la manière dont les prix sont fixés, l’existence de sites Internet qui vendent des tickets sans l’autorisation des organisateurs ou encore l’existence d’un « marché noir » structuré pour les gros événements, il est peu évident de se retrouver dans les coulisses de ce secteur.
L’Autorité de la concurrence vient d’ajouter encore au trouble en sanctionnant une entente entre les gros réseaux de vente de billets. Saisie par le ministère de l’Économie, elle a infligé le 20 décembre 2012 une amende globale de 9,3 millions d’euros à la Fnac, France Billet (filiale de la Fnac) et Ticketnet.
L’Autorité leur reproche d’avoir fixé en commun, entre 2004 et 2008, le montant des commissions réclamées aux organisateurs de spectacles pour commercialiser leurs places (sanction globale pour ces faits : 6 millions d’euros). Ont notamment été touchés par ces pratiques, des concerts de Shakira, Lionel Richie, Michel Polnareff, Earth Wind and Fire…
Et ces trois billetteries n’en sont pas restées là. Entre 2007 et 2008, elles se sont également concertées pour, d’après l’Autorité de la concurrence, « mettre au point une stratégie visant à évincer un nouveau concurrent », en l’occurrence le réseau Digitick (sanction globale pour ces faits : 3,3 millions d’euros). Ce dernier fournissait gracieusement aux organisateurs un système de contrôle (informatique ou humain) des billets électroniques à l’entrée des salles. En contrepartie, Digitick leur demandait une exclusivité temporaire ou limitée dans la distribution des places. Les professionnels du spectacle ayant adhéré à la formule, la Fnac, France Billet et Ticketnet ont réagi… de concert : le trio a refusé de mettre en vente les billets de ceux qui avaient accepté de travailler avec Digitick, filiale à 100 % de Vivendi depuis 2010.
Ces comportements ont pu être préjudiciables aux consommateurs. L’Autorité de la concurrence note en effet que « l’entente a contraint les producteurs à accepter de payer des commissions artificiellement gonflées avec, pour conséquence, une baisse de leurs marges ou la répercussion de ces hausses sur le prix de vente des places achetées par le public ».
Dans le détail, c’est la Fnac qui hérite de la sanction la plus lourde, soit 5,4 millions d’euros. Sa filiale France Billet et Ticketnet sont respectivement condamnées à hauteur de 2,4 et 1,5 millions d’euros. « Les trois entreprises ayant reconnu les faits, leur amende a été, par conséquent, réduite », commente l’Autorité de la concurrence.