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Cancer du sein

Ce que l’on sait du Docétaxel

Mercredi 15 février, Le Figaro révélait la mort de 5 patientes traitées par l’anticancéreux Docétaxel, un générique du Taxotère fabriqué par le laboratoire Accord. Une série de décès qui, selon le quotidien, aurait donné lieu à un signalement à l’Agence nationale du médicament (ANSM) dès août dernier. Dans un communiqué à l’attention des professionnels de santé, l’agence reconnaît qu’une enquête de pharmacovigilance a été ouverte en septembre dernier et rappelle qu’une alternative médicamenteuse au Docétaxel existe dans certains cas. Décryptage en trois points.

À quand remonte l’alerte et quelle en est la cause ?

Signalés à l’Agence nationale du médicament (ANSM) par l’institut Gustave Roussy de Villejuif, les trois premiers décès sont survenus en août 2016, suivis de 2 autres cas fatals en novembre 2016 et en février 2017. Deux décès datant de juin 2016 et février 2017 ont également été signalés par l’institut Curie (Paris). Enfin, Le Figaro mentionne « au moins 7 décès » en faisant état de deux autres décès de patientes à Rennes, non confirmés pour l’heure par l’ANSM. Selon l’Agence du médicament, les causes des décès sont des « chocs septiques sur entérocolites ». Des inflammations graves des muqueuses intestinales survenues sur « terrain neutropénique », c’est-à-dire un fort déficit en globule blanc – un effet indésirable grave et connu de certains anticancéreux – qui rend les patientes plus vulnérables aux infections. Des complications graves conjointes à la prise de Docétaxel avaient déjà été signalées dans d'autres indications que le cancer du sein, chez des patients de mauvais pronostic. Mais dans le cas présent, les patientes avaient la particularité de présenter de bons pronostics. Tous ces cas sont survenus lors de traitement en monothérapie ou en association par le générique Docétaxel du laboratoire indien Accord, un générique très largement employé dans le cadre de chimiothérapies contre le cancer du sein, ce qui pourrait expliquer que toutes les patientes décédées aient reçu le même médicament selon l’ANSM.

Qu’est-ce que le Docétaxel ?

Le Docétaxel est une molécule anticancéreuse présente dans le médicament de référence Taxotère, mis sur le marché dans les années 90. Son générique, qui porte le nom de la molécule, est produit par le laboratoire indien Accord (Intas Pharmaceuticals). Il a été mis sur le marché en 2010. Ce médicament à usage hospitalier est utilisé dans le traitement du cancer du sein, mais aussi dans celui du cancer du poumon « non à petites cellules », le cancer de la prostate, le cancer gastrique, ou encore le cancer des voies aérodigestives supérieures. Dans le cadre du cancer du sein, celui-ci est principalement donné en complément d’un traitement chirurgical de la tumeur afin de réduire les risques de survenue de métastases.

Quelle est la réponse des autorités de santé ?

Pour l’heure, la suspension du générique d'Accord n'est « pas à l'ordre du jour », selon l'ANSM. Une enquête de pharmacovigilance a toutefois été ouverte en septembre dernier suite aux premiers signalements. Ses résultats devraient être présentés par l’agence de contrôle le 28 mars 2017. Tout en précisant qu’« aucune recommandation n’est formulée à date » en l’absence « d’éléments permettant d’évaluer le rapport bénéfice-risque dans le cadre du traitement du cancer du sein »,  l’ANSM indique toutefois qu’un autre médicament anticancéreux, le Paclitaxel, peut constituer une alternative au Docétaxel dans le cancer du sein. Selon nos informations, par mesure de précaution, à l’institut Gustave Roussy le Docétaxel a été remplacé par le Paclitaxel dans les traitements du cancer du sein et par le médicament non générique (dit princeps) dans les autres indications. L’institut Curie a mis en place des mesures similaires.

Le bilan continue de s’alourdir (mise à jour du 10 mars 2017)

Alors que l’ANSM annonce qu’elle communiquera officiellement au sujet du Docétaxel le 27 mars, des informations ont d’ores et déjà fuité via Le Figaro qui annonçait mercredi 8 mars un bilan de 18 victimes liées à l’anticancéreux générique depuis sa commercialisation dans les années 90. L’ANSM n’a pour l’heure pas réagi à ces nouvelles révélations.

Marie-Noëlle Delaby

Marie-Noëlle Delaby

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