par Florence Humbert
CelluliteLa lipolyse interdite
Présentées comme des alternatives non chirurgicales, les techniques de lipolyse, destinées à affiner la silhouette en détruisant la cellulite, ont le vent en poupe. Elles sont désormais interdites car jugées dangereuses pour la santé.
Le décret 2011-382 du 11 avril dernier proscrit désormais le recours aux techniques non chirurgicales visant à corriger les amas graisseux (culotte de cheval, poignées d’amour, etc.) qui ont résisté à tous les régimes et activités physiques. Un avis rendu par la Haute Autorité de santé (HAS) en décembre dernier, faisant état de graves complications liées à la réalisation d’actes de lyse adipocytaire (ou lipolyse), est à l’origine de cette interdiction. Celle-ci vise à la fois les techniques non invasives (radiofréquence, laser, infrarouges, ultrasons focalisés…) et les méthodes consistant à introduire un agent chimique (comme une solution hypo-osmolaire, de la lécithine de soja, des mélanges utilisés en mésothérapie, du gaz carbonique…) et/ou thermique dans le tissu adipeux.
« Ces techniques sont présentées au grand public comme des traitements moins invasifs et moins onéreux que la chirurgie esthétique », indique la HAS. Elles sont pourtant loin d’être anodines et peuvent « présenter un danger grave pour la santé humaine », précise-t-elle. Des effets indésirables ont ainsi été rapportés pour 23 patients à la suite d’injections hypo-osmolaires associées aux ultra-sons : nécroses cutanées, hématomes, cellulites, thromboses, lésions nodulaires sous-cutanées, ulcérations. Parmi eux, 10 patients ont dû subir une intervention chirurgicale (drainage, exérèse, réparation).
Personnes en bonne santé
L’interdiction de ces méthodes risquées paraît d’autant plus justifiée qu’il s’agit d’actes à visée esthétique, pratiqués sur des personnes en bonne santé, et non pas à des fins thérapeutiques. Cette décision a pourtant suscité une véritable levée de boucliers des associations et sociétés savantes de médecine et de dermatologie esthétique qui dénoncent « un décret partial, absurde et opaque ». Selon ces professionnels, « ce décret semble ne reposer sur aucune base scientifique, mais sur des données plus ou moins falsifiées et une forme de corruption lente et subtile de l’Administration, déjà dénoncée par un rapport récent des professeurs Debré et Even ». Dans un communiqué daté du 28 avril, ils pointent « un amalgame incompréhensible entre des techniques très différentes allant jusqu’à interdire des soins anodins d’application externe d’agents physiques comme les ultrasons ou les infrarouges, utilisés dans le monde entier. Pourtant, la HAS a bien conclu dans le même temps qu’aucune complication grave n’était rapportée pour ce type de soins externes… ».
Au nom de la liberté de choix des patients, ils réclament donc l’annulation pure et simple du décret et l’ouverture immédiate d’une table ronde avec le cabinet du ministre. Si la défense des intérêts des patients est évidemment louable, l’ire des médecins esthétiques semble répondre à des motivations plus terre à terre. Dans les querelles corporatistes qui les opposent à leurs confrères chirurgiens, ces derniers ont incontestablement marqué un point, puisque seule la lipoaspiration demeure autorisée.
Florence Humbert
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