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Déserts médicaux

L'inexorable avancée

Si rien ne change d'ici à 2030, la répartition des médecins sur le territoire sera encore plus défavorable qu'aujourd'hui aux zones rurales et aux banlieues. Ces prévisions issues d'une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), tombent à pic : le projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoire », qui comporte un volet démographie médicale, est examinée en ce moment au Parlement.

C'est une certitude : selon les derniers chiffres publiés par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), le nombre de médecins en activité baissera de 10% au cours des dix prochaines années. Au-delà, et à condition que rien ne change dans les comportements d'installation des praticiens, leur nombre retrouvera son niveau actuel en 2030.

Ces chiffres sont à nuancer. Car le maintien des effectifs médicaux à long terme cache une réalité beaucoup moins rose : en raison d'une hausse estimée de 10% de la population française à l'horizon 2030, la densité médicale, c'est-à-dire le nombre de médecins par 100.000 habitants, va poursuivre sa chute. Dans 20 ans, il devrait y avoir 292 médecins pour 100.000 habitants, contre 323 aujourd'hui. En outre, il faut tenir compte du vieillissement de la population, qui appellera naturellement un recours aux soins plus important. La Drees souligne à ce sujet que « la baisse du nombre de médecins par habitant de 60 ans ou plus serait continue de 2006 à 2030, et atteindrait 36% sur l'ensemble de la période. » Enfin, comme c'est déjà le cas actuellement, certaines parties du territoire souffriraient plus que d'autres de ces évolutions. Tandis que les grandes agglomérations dotées d'un centre hospitalo-universitaires (CHU) seraient à l'abri de la désertification médicale, les zones rurales, les banlieues et les villes moyennes s'avèreraient, elles, particulièrement touchées. Ainsi, les projections montrent qu'en 2030, « le nombre de médecins exerçant en zone rurale diminuerait de 25,1%, le nombre de médecins exerçant en zone péri-urbaine ou dans une commune multipolarisée de 10,5% et le nombre de médecins exerçant dans un pôle urbain sans CHU de 6,2%. » A noter également, au niveau des régions, les équilibres ne seraient plus les mêmes qu'aujourd'hui : le Languedoc-Roussillon verrait sa densité médicale refluer de 30%, la Corse de 35% et PACA de 25%, pendant que l'Auvergne, la Bretagne et la Lorraine verrait leur densité progresser de plus de 10%. Ces disparités prouvent en tout cas que des mesures s'imposent pour mieux répartir les médecins sur l'ensemble du territoire. Le nombre impressionnant d'amendements au projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoire », actuellement examiné au Parlement, laisse présager d'une longue discussion sur cette question de la démographie.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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