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Jeux olympiques de Paris 2024L’ardoise des JO réévaluée à 6,65 milliards d’euros

Boris Cassel

par Boris Cassel

Paris 2024 devait épargner les caisses publiques et offrir de jolies retombées. Un an après la fête, la Cour des comptes évalue l’addition à 6,65 milliards d’euros pour les contribuables, pour un impact modeste sur l’économie. Un résultat à méditer alors que les députés doivent, dans quelques semaines, voter la loi facilitant l’organisation des Jeux olympiques dans les Alpes en 2030.

Vasque olympique illuminant le jardin des Tuileries, Montmartre en ébullition au passage des cyclistes, Léon Marchand et Teddy Riner écrasant la concurrence, Aya Nakamura esquissant des pas de danse avec la Garde républicaine… Paris 2024 fut une fête réussie. Mais à quel prix ? Alors que les organisateurs ont assuré pendant des mois que les « Jeux financent les Jeux », autrement dit, que les ressources privées (droits télé, sponsors, recettes de billetterie, etc.) suffiraient à financer l’événement, la lecture du rapport de la Cour des comptes relativise fortement ces propos. Selon les sages de la rue Cambon, l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 a coûté 6,63 milliards d’euros aux finances publiques.

La facture est de deux ordres. La Cour distingue les dépenses directement liées à l’organisation (3,02 milliards d’euros) de celles d’infrastructures (3,63 milliards d’euros). Dans le premier cas, il s’agit de dépenses par nature éphémères, notamment pour la sécurisation de l’événement (1,44 milliard d’euros). Les dépenses d’infrastructures, elles, sont pérennes : la piscine construite à Saint-Denis est désormais ouverte au public, l’eau de la Seine a été assainie, etc.

Pour quels bénéfices économiques et financiers ? Les retombées économiques ne sont pas vraiment au rendez-vous. « L’impact des Jeux sur la croissance annuelle en 2024 est ainsi estimé […] à + 0,07 point du PIB », signale la Cour. Très peu, donc. Le souci, c’est que les jeux ont eu un effet repoussoir pour une partie des touristes. « Compte tenu de la forte attractivité touristique de Paris, indépendamment de la tenue des Jeux, une partie des visiteurs habituels semble avoir évité la capitale durant l’événement », rappelle la Cour des comptes, qui donne quelques indicateurs pour illustrer ce phénomène : « Ainsi, entre juillet et septembre 2024, la fréquentation des musées du Louvre et d’Orsay, du Quai Branly et du centre Pompidou a baissé de 16 % par rapport à la même période en 2023. »

57 millions d’euros d’avantages fiscaux

Puisque le modèle économique des JO repose, notamment, sur la vente de produits dérivés et de billets à des tarifs élevés, l’État aurait dû percevoir d’importantes recettes fiscales. Il n’en a rien été. « Le total des prélèvements obligatoires versés au titre des activités du comité d’organisation et sur les prestations d’hospitalité [offres haut de gamme, NDLR] est de 82,4 millions d’euros entre 2019 et 2025 », relève la Cour. Pourquoi si peu ? Tout simplement parce que tout ce qui touche de près ou de loin aux JO a fait l’objet de généreuses exonérations fiscales. Avec, par exemple, un taux de TVA réduit à 5,5 % sur la billetterie, à l’origine d’un manque à gagner de 193,3 millions d’euros. La liste des avantages fiscaux ne s’arrête pas là. « L’organisation des Jeux a en outre donné lieu à l’application d’un régime fiscal dérogatoire dont ont bénéficié le comité d’organisation, le chronométreur officiel des Jeux et le CIO. Une première estimation établit le coût de ce régime à 57 millions d’euros », explique la Cour des comptes. Un chiffre à méditer en pleine situation budgétaire tendue et à l’approche du vote, à l’Assemblée nationale, de la loi olympique d’organisation des Jeux olympiques dans les Alpes en 2030 qui reconduit ce type d’avantages fiscaux

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