Anne-Sophie Stamane
2 sites de vente d’ordonnances interdits d’accès
Les opérateurs Internet français ont été sommés par la justice de bloquer 2 sites qui proposent d’acheter des ordonnances d’ophtalmologie à distance, sans la moindre consultation préalable.
Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), l’assurance maladie et l’Ordre des médecins ont obtenu de la justice le blocage pendant 1 an des sites Ophtalmos.io et Ophtalmo.io. Les quatre opérateurs Internet (Free, Bouygues, Orange et SFR) doivent, autant que faire se peut, se plier à cette obligation, seule façon, faute de propriétaire identifié, de faire cesser le trafic d’ordonnances qui s’y déroule en toute impunité.
Il est en effet proposé à la vente, à ces deux adresses, des ordonnances pour des verres correcteurs et des lentilles de contact, moyennant 19 €. Cela ne prend que quelques minutes : après paiement, un formulaire demande de renseigner le nom d’un professionnel de santé supposé avoir fait l’examen visuel ‒ mais n’importe quel nom fait l’affaire, et peu importe qu’il n’y ait en réalité eu aucune consultation, d’après le Dr Thierry Bour, président du SNOF, qui a fait la démarche ‒ et des données réfractives. Quelques instants plus tard, une ordonnance signée d’un ophtalmologiste, allemand ou polonais, est envoyée par mail.
« En pratique, le système est ou était utilisé par des magasins d’optique remplissant eux-mêmes la demande d’ordonnance, à la place des patients », explique le Dr Thierry Bour. La fraude a été détectée par les réseaux des complémentaires santé, qui ont cessé de rembourser les équipements visuels délivrés par ce biais. Le blocage des deux sites était la solution la plus rapide, étant donné l’impossibilité de débusquer les personnes ou sociétés derrière l’opération. Mais le SNOF a dit son intention de déposer plainte au pénal, notamment pour faire sortir du bois les enseignes d’optique qui en ont fait la promotion auprès de leur clientèle ou ayant utilisé le système à leur profit.