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Pratiques anticoncurrentiellesLes tricheurs passent à la caisse

Arnaud de Blauwe

par Arnaud de Blauwe

L’Autorité de la concurrence a rendu son rapport annuel début juillet. En 2024, le montant des amendes infligées aux entreprises qui ont pris des libertés avec les règles d’une saine concurrence a atteint 1,4 milliard d’euros. La chasse a été bonne !

Une année record pour l’Autorité de la concurrence ! Chargée de sanctionner les atteintes au droit et aux règles de la concurrence, de contrôler les concentrations d’entreprises (acquisitions, fusions…), de donner des avis (à la demande du gouvernement, du Parlement ou de sa propre initiative), le rapport d’activité annuel 2024 révèle que l’institution a « prononcé 1,4 milliard d’euros de sanctions ». Du jamais vu !

Dans sa chasse aux « tricheurs », le gendarme de la concurrence a sanctionné des pratiques directement préjudiciables au consommateur. L’an dernier, il a ainsi visé le secteur du gros et du petit électroménager. Les faits incriminés sont assez anciens, puisqu’ils ont été constatés entre 2007 et 2014. Mais l’instruction de telles affaires est longue, la collecte des preuves délicates. Il faut frapper à coup sûr, d’autant que les décisions peuvent donner lieu à un recours devant la cour d’appel, celle de Paris en l’occurrence.

Machine à remonter le temps !

L’affaire impliquait 10 fabricants majeurs (BSH, Miele, LG, Seb, Candy…) et deux de leurs principaux distributeurs (Darty et Boulanger). Il leur était reproché de s’être entendus pour « maintenir des prix artificiellement élevés, pour les consommateurs, afin, notamment, de contrer l’essor du commerce en ligne ». Pour de tels faits, le montant global de l’amende infligée aux acteurs impliqués dans ce dossier s’est élevé à 611 millions d’euros.

Parmi les autres sanctions financières prononcées en 2024, l’Autorité de la concurrence a infligé une amende de 14,5 millions d’euros à Air Caraïbes et Air Antilles pour s’être entendues sur les prix et sur l’offre entre 2015 et 2019. Ces sommes ne sont pas redistribuées à la communauté des consommateurs « victimes » de tels comportements. Elles sont versées au budget de l’État.

Lors de la présentation de ce rapport, Benoît Cœuré, le président de l’institution, a également indiqué que « 179,5 millions d’euros de sanction avaient d’ores et déjà été prononcés sur les six premiers mois de l’année 2025 ». Un rythme qui, pour l’heure, semble moins soutenu que le « cru 2024 ».

Défense du pouvoir d’achat

Benoît Cœuré a par ailleurs indiqué que la préservation du pouvoir d’achat restait une priorité alors même que « l’inflation est désormais plus raisonnable, autour de 2 % ». Il a précisé en substance que l’autorité avait été particulièrement vigilante sur la période 2021-2023, période au cours de laquelle les prix ont flambé, surtout dans l’alimentaire. « Les consommateurs ne retrouveront pas les prix d’avant, a commenté le président de l’institution. On sait très bien que ces années de forte inflation ont pu donner de mauvaises habitudes à certaines entreprises en matière de respect des règles de concurrence. » D’où l’engagement de l’Autorité de ne pas lâcher la bride sur cette question.

Arnaud de Blauwe

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