Arnaud de Blauwe
Hausse à grande vitesse
Ce sera donc +3,5 % en moyenne sur les prix des billets du TGV à partir du 13 janvier prochain. Une augmentation qui, selon les liaisons, cache sûrement de fortes disparités. Une hausse que la SNCF justifie par un alourdissement de ses charges et la nécessité d'opérer d'importants investissements. Mais, au final, la facture est essentiellement répercutée sur l'usager alors que, selon nos informations, la SNCF réalise une marge très confortable de 25 % sur chaque billet de TGV vendu...
La SNCF avait préparé le terrain depuis longtemps. Elle annonçait une augmentation très sensible du prix des billets des TGV pour le début de l'année, période au cours de laquelle ils sont traditionnellement revus. Finalement ce sera 3,5 % « en moyenne », à compter du 13 janvier. Cela aurait pu être pire, certains redoutant qu'elle soit de 5 % au regard, notamment, de la hausse du prix des péages imposés à la SNCF par RFF (Réseau ferré de France), l'établissement public propriétaire des voies.
Mais, 3,5 % de plus, décidé dans une période de forte tension sur le pouvoir d'achat, c'est aussi plus que l'inflation enregistrée au cours des 12 derniers mois (+2,8 %). Dans son communiqué, la SNCF donne quelques exemples d'évolutions de tarifs (loisir seconde classe, en période normale)... évidemment modérées par rapport à la hausse moyenne annoncée : 38,90 contre 37,60 euros pour Paris-Lille (+3,3 %), 63 contre 61 euros pour Paris-Lyon (+3,2 %), 80,90 contre 78,20 euros pour Paris-Marseille (+3,3 %)... Elle se garde bien, en revanche, d'évoquer les liaisons qui augmentent le plus et... s'avèrent difficiles à dégoter. La partie réservation du site Internet de la SNCF était en effet hors service les 6 et 7 janvier, lorsque nous avons tenté d'opérer certaines vérifications sur d'autres parcours comme Marseille-Lille, Nantes-Lyon ou encore Paris-Nancy.
En 2007, la SNCF a réalisé 1 milliard d'euros de bénéfice pour un chiffre d'affaires de 17,4 milliards d'euros. De bons résultats essentiellement produits par le TGV, devenu la véritable vache à lait de l'entreprise ferroviaire. De quoi bien préparer l'ouverture à la concurrence de la branche voyageurs à partir de 2010. « À ce moment-là, pour contrer les nouveaux arrivants, vous verrez que la SNCF sera plus modérée dans ses hausses, commente un haut responsable de RFF, très attentif à toutes ces questions de tarification. Et cela ne la mettra pas en péril. Certes, les charges qu'elle a à supporter sont devenues plus lourdes. Mais elle a de la réserve pour manoeuvrer : elle réalise 25 % de marge sur un billet TGV. » Pour le moins confortable, donc : sur un billet vendu 100 euros, la SNCF se garde 25 euros. En d'autres termes, l'effort nécessaire pour financer les investissements programmés cette année (740 millions d'euros) par la société nationale sera donc essentiellement supporté par les usagers du train.