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Transport aérienComment les compagnies font décoller leurs profits

Arnaud de Blauwe

par Arnaud de Blauwe

Les bénéfices des compagnies aériennes décollent grâce aux frais annexes dans le prix global du billet. Au point que le coût du siège « sec » pourrait devenir secondaire…

Les restaurateurs l’ont compris depuis la nuit des temps : une bonne recette consiste à proposer un menu d’appel sur lequel leur marge est faible, en espérant que le client prendra quelques extras – au premier rang desquels les boissons, bien plus rémunératrices pour eux. Eh bien, désormais, ces professionnels feraient presque figure d’amateurs en la matière en comparaison avec les compagnies aériennes ! Depuis quelques années, ces dernières mettent les gaz pour augmenter leurs bénéfices, et ponctionnent les passagers en leur facturant des prestations pourtant indissociables d’un voyage en avion. Ni vu ni connu, cela leur permet, à l’instar des restaurateurs, d’afficher des prix d’appel (ou plutôt de départ) très attractifs pour les vols qu’elles assurent.

Dans ce contexte, et comme le note le journal Libération (26/08/25) dans un article sur le sujet, les voyageurs sont devenus « leurs vaches à lait ». « Coincé entre la facturation croissante des bagages ou des repas, jadis compris dans le prix du billet, et l’augmentation des taxes sur l’aérien, le voyageur qui choisit ce mode de transport doit se préparer à payer un tarif en constante ascension », résume le quotidien.

Ça vole haut !

Et les compagnies, low cost comme classiques, ont de l’imagination pour nous imposer leurs suppléments, qui pèsent de plus en plus lourd dans leurs recettes. Le poste bagages remplit ainsi bien leurs poches. Ils sont d’ailleurs en passe d’être tous – en cabine comme en soute – ajoutés au coût du siège. Une poussette à bord, par exemple, est facturée 15 € par l’irlandaise Ryanair. Et gare à ceux qui espèrent tricher ! Très inventive lorsqu’il s’agit de faire raquer le passager, cette même compagnie impose 75 € d’amende si la valise ou le sac que vous gardez avec vous dans l’avion n’est pas accepté, car trop volumineux… Les petites rivières font les grands fleuves : Libération écrit que, mises bout à bout, ces trouvailles tarifaires ont, l’an dernier, permis à Air France-KLM « de dégager pas moins de 1,1 milliard d’euros (Md€) de revenus annexes, soit 10 % de mieux que l’année précédente ». Chez l’anglaise EasyJet, c’est 3,3 Md€ (soit 26,4 % du chiffre d’affaires). Bien sûr, la championne reste l’inénarrable Ryanair – on lui doit tant dans cette « inflation » de frais ! –, avec 4,72 Md€. Ajoutez à cela un trafic aérien qui se porte bien et le bénéfice net s’envole. En 2024, il a atteint les 30 milliards d’euros pour les 240 compagnies recensées dans le monde, et 2025 devrait être encore meilleure.

Portés par ces vents favorables, les acteurs de l’aérien se voient pousser des ailes. La réglementation européenne sur l’indemnisation des passagers en cas de retard ou d’annulation de vols est en cours de révision. Or, comme le dénonce l’UFC-Que Choisir, les consommateurs risquent d’en sortir perdants ; le lobbying des compagnies marchant à plein régime. À l’atterrissage, la compensation pour retard (de 250 à 600 € selon la distance) ne serait plus accordée qu’au-delà de 4 h, et non plus 3 h comme aujourd’hui. Un sacré recul pour les passagers puisque, dans les faits, la plupart des retards ne seraient plus indemnisés. Allez, gageons que les compagnies sont déjà en train de nous mijoter de nouveaux frais. Beau joueur et pas rancunier, on peut leur suggérer de facturer l’accès aux toilettes, le sourire des hôtesses et des stewards, la prise en compte du taux de cholestérol du client… et, pourquoi pas, l’option (forcément obligatoire) du commandant de bord aux manettes de l’avion !

Arnaud de Blauwe

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