BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Prix du timbre

Le rouge vif va-t-il tourner au rouge de colère ?

Le 1er janvier prochain, le prix du « timbre rouge » augmentera, pour franchir la barre symbolique des 1 € ; le tarif de la lettre prioritaire (distribution en J+1) s’établira alors à 1,05 €, soit un prix près de 2 fois plus élevé qu’il y a 10 ans.

Bien que je n’entrevoie bien entendu pas les consommateurs enfiler en masse un gilet rouge pour défendre une baisse du prix du timbre, cette nouvelle hausse d’un produit, d’un service, symbolique ne peut que marquer les esprits et interroger quant à ses fondements. En effet, pour que ces hausses puissent être acceptées par les consommateurs, il faudrait a minima qu’elles soient parfaitement objectivées.

Si elles résultent en grande partie de l’indéniable baisse des volumes en lien logique avec le développement des communications électroniques, il n’en demeure pas moins vrai que certains loups subsistent dans la régulation de ces tarifs par l’autorité dédiée (l’Arcep), comme par exemple un traitement plus défavorable des consommateurs par rapport aux professionnels, comme l’UFC-Que Choisir l’a déjà démontré, ou encore par la bienveillance du régulateur dans cette marche forcée vers la cherté.

Les consommateurs subissent déjà de plein fouet les hausses des tarifs des services postaux. Toutes gammes de courriers confondues, au 1er janvier les tarifs auront augmenté de 66,6 % (diabolique !) depuis 2010. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les consommateurs se détournent du courrier.

Je note qu’il n’existe pas de données précises sur l’évolution des volumes de lettres prioritaires envoyées par les particuliers (sacré manque de transparence…). Toutefois, malgré ce flou, les hausses tarifaires du timbre rouge auront évidemment agi comme un repoussoir et il y a fort à parier que les volumes poursuivront la logique baissière. C’est la raison pour laquelle je suis persuadé que le timbre rouge est menacé de disparition à très court terme. L’argument des pouvoirs publics et de La Poste est déjà attendu : les consommateurs n’utilisent plus ce service, il n’y a plus aucune raison de le maintenir, particulièrement au regard des coûts élevés qu’il engendre. Dans l’intervalle, les hausses tarifaires auront quand même sacrément forcé les habitudes des consommateurs.

D’ici cette disparition, ces derniers continueront immanquablement – sauf décision politique forte – à voir les prix augmenter… et pas seulement pour le timbre rouge ! Au 1er janvier la hausse des prix concernera également la Lettre Verte (distribution en J+2) dont le prix sera de 88 centimes, contre 57 centimes à son lancement en 2011. Quant au timbre dit « économique », l’Ecopli, dont la distribution s’effectue en 4 jours, il atteindra 86 centimes… soit le prix de la lettre prioritaire il y a deux ans.  Au global, la perspective des consommateurs est donc la suivante : hausse des prix, pour des prestations qualitativement en baisse. Rien de bien réjouissant.

 

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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