par Stéphany Gardier
Don d’organesIl n’y a pas d’âge limite

Chaque année, les organes donnés par les personnes de plus de 65 ans sauvent des vies. Que vous souhaitiez ou non être donneur, il est important de le faire savoir.
Qui peut donner ?
Contrairement à une idée très répandue, il n’existe pas de limite d’âge pour faire don de ses organes. « Tous les citoyens français sont présumés donneurs, rappelle le Dr Régis Bronchard, anesthésiste-réanimateur, directeur adjoint du prélèvement et de la greffe d’organe et de tissus à l’Agence de la biomédecine. D’ailleurs, en 2024, environ 40 % des greffons provenaient de donneurs âgés de plus de 65 ans et 20 % de donneurs de plus de 75 ans. » Les seniors jouent donc un rôle vital dans le processus du don d’organes et de tissus (os, vaisseaux, cornées…) ! « Nous avons, par exemple, pu greffer les poumons d’un donneur qui avait plus de 80 ans mais n’avait jamais fumé. Et le foie d’une donneuse de 96 ans en très bonne santé a sauvé une vie. »
Comment les médecins choisissent-ils ?
Ce sont les antécédents médicaux de la personne et son état de santé lors de son décès qui guident le choix des médecins. Selon l’histoire de chaque patient, des examens complémentaires adaptés sont menés pour déterminer quels organes et tissus peuvent être, ou non, prélevés en vue d’une greffe. Les maladies chroniques ne sont pas des obstacles systématiques au don. « Une hypertension ou un diabète qui ont été diagnostiqués tôt et ont été bien traités peuvent ne pas avoir eu de conséquences majeures sur les reins ou les vaisseaux », souligne le Dr Bronchard. Des greffons peuvent être aussi prélevés chez des personnes qui ont été guéries d’un cancer. Des référentiels médicaux permettent de déterminer au cas par cas, selon le type de cancer, les traitements, etc.
Comment faire connaître sa volonté ?
La loi prévoit que tout patient en état de mort encéphalique est présumé donneur. Les personnes inscrites au Registre national du refus du don d’organes (environ 500 000) sont automatiquement exclues. Mais, pour toutes les autres, ce sont les proches qui sont consultés afin de déterminer si le patient était favorable au don ou non. En France, le taux de refus est élevé : plus de 36 % en 2024. « Nous estimons que le fait de ne pas savoir ce que son proche pensait sur le sujet nourrit la moitié des refus », indique le Dr Bronchard. Dans un contexte où 2 à 3 personnes meurent chaque jour faute de greffons compatibles disponibles, il est crucial de communiquer votre choix à votre entourage. Cela évitera également à vos proches d’avoir à prendre une décision complexe dans un moment si particulier. Vous pouvez aussi inscrire ce choix dans vos directives anticipées ou sur un simple papier, facilement consultable en cas de besoin.
Qui bénéficie de ces dons ?
Un greffon provenant d’une personne âgée peut-il être attribué à une personne jeune ? La plupart du temps, non. Les règles d’attribution – publiées au Journal officiel – prennent notamment en compte la différence d’âge entre donneur et receveur. Les enfants reçoivent ainsi des greffons venant de donneurs pédiatriques ou de jeunes adultes. « Cependant, il existe des cas d’urgence extrême pour lesquels il faut agir vite. Si un donneur âgé est compatible, le patient pourra être greffé même s’il est beaucoup plus jeune », précise le Dr Bronchard. La décision fait toujours l’objet de discussions entre les équipes médicales et l’Agence de bio‑médecine afin de garantir que chaque greffon respecte l’équité et l’efficience.
Stéphany Gardier