Elsa Casalegno
Panzani confond pâtes sèches et pâtes fraîches
Les fausses promesses peuvent se nicher sur un produit aussi courant qu’un paquet de pâtes… Panzani utilise un moyen alléchant pour vendre des pâtes sèches un peu plus cher : faire croire qu’elles sont fraîches. Une pratique pourtant répréhensible. L’UFC-Que choisir a décidé de porter plainte.
Sur les paquets, deux mots se détachent, écrits en grosses lettres cursives : « Pâte fraîche ». Seule une lecture attentive des petites inscriptions reléguées au second plan, « Une pâte sèche bonne comme une » permet de comprendre l’astuce : Panzani essaie de faire avaler à ses clients que les pâtes qu’il leur vend sont des pâtes fraîches, alors qu’il s’agit en réalité de pâtes sèches.
Que cette gamme de produits pseudo « pâtes fraîches » soit bonne ou pas, ce n’est pas la question. Panzani entretient la confusion en faisant passer un produit pour ce qu’il n’est pas – frais, en l’occurrence, alors qu’il ne fabrique pas du tout de pâtes fraîches pour le marché français. Et pour cela, des astuces marketing classiques sont utilisées. Ainsi, la taille des caractères diffère notablement : ceux de « Une pâte sèche bonne comme une » mesurent à peine plus du quart de ceux de « Pâte fraîche ». La première partie de la phrase est écrite en arc de cercle, ce qui la rend moins lisible que le reste. Pour enfoncer le clou, le fabricant ajoute à l’avant du paquet que ces pâtes sont « pétrie[s] et façonnée[s] » « comme une pâte fraîche ». Sur le site Internet, il va plus loin, en indiquant seulement « Pâtes fraîches » comme nom de produit.
Pourquoi diable le fabricant, leader du marché français sur les pâtes sèches, se fourvoie-t-il ainsi ? « Panzani cherche à influencer le comportement des consommateurs afin de leur faire acheter des pâtes sèches […] à un prix plus onéreux », expliquent les juristes de l’UFC-Que Choisir, pour qui ces pratiques tiennent de la tromperie. Que Choisir a relevé les tarifs de plusieurs références de pâtes similaires. Les pâtes de cette collection pseudo-fraîche sont conditionnées en paquets de 400 g, contre 500 g pour la plupart des pâtes sèches classiques ; la perception du prix par les clients en est brouillée. Ainsi, par paquet, elles ne se démarquent pas des autres produits du rayon. Mais ramenés aux 500 g, leurs tarifs sont en réalité plus élevés (1), à des niveaux intermédiaires entre des pâtes sèches (ce qu’elles sont) et des pâtes fraîches (ce qu’elles essaient de faire croire qu’elles sont). En tant qu’association de défense des consommateurs, l’UFC-Que Choisir a donc décidé de déposer une plainte contre Panzani pour « pratiques commerciales trompeuses ».
(1) Sauf marques positionnées en haut de gamme.