
par Perrine Vennetier
par Perrine Vennetier
Utilisé contre la chute des cheveux, le finastéride (Propecia) voit sa liste d’effets indésirables s’alourdir. Tout comme sa nouvelle version en spray (Fincrezo), ce traitement était déjà critiqué pour ses risques de troubles psychiatriques et sexuels persistants et s’avère peu efficace sur la repousse des cheveux. Ils apparaissent ainsi trop dangereux pour être utilisés.
Le risque d’idées suicidaires va être ajouté officiellement à la liste des effets indésirables du finastéride, a annoncé, le 25 septembre 2025, l’Agence française du médicament (ANSM). Vendue à la dose de 1 mg sous de nombreuses marques génériques, cette substance active est indiquée en cas de perte de cheveux masculine (alopécie androgénique). Depuis plusieurs années déjà, ces médicaments sont dans le viseur des experts indépendants, comme ceux de la revue médicale Prescrire qui le fait figurer dans sa liste noire de médicaments ainsi que des autorités de santé françaises.
Le risque suicidaire n’est en effet que le dernier de la longue liste des problèmes auxquels expose le finastéride. Ceux-ci sont principalement de deux ordres : troubles psychiatriques avec des manifestations d’anxiété et de dépression et troubles sexuels avec des diminutions de la libido, des difficultés d’érection et d’éjaculation. Dans la notice, ces troubles sont qualifiés de peu fréquents, ce qui signifie qu’ils peuvent affecter jusqu’à 1 homme sur 100. Pas rares donc. Et les troubles sexuels peuvent persister, même après l’arrêt du traitement. Moins fréquentes, mais très gênantes, une sensibilité et une augmentation du volume des seins peuvent se produire.
La nature de ces effets indésirables est particulièrement amère quand on sait que l’unique objectif de ce traitement n’est pas médical mais esthétique : faire repousser les cheveux. Au lieu de l’amélioration escomptée de l’image d’eux-mêmes, de nombreux hommes se retrouvent donc avec des troubles psychiques ou sexuels, ces derniers pouvant également participer à l’aggravation des premiers. Les risques semblent d’autant plus disproportionnés que, en pratique, finastéride ne fait pas bien le boulot.
« Après cinq ans de traitement, la progression de la perte de cheveux s'est ralentie chez la plupart des patients », explique la notice. Entre les lignes, cela signifie que la prise du traitement ne garantit pas l’arrêt total ni même la repousse d’ailleurs. Et si tant est que des cheveux ont repoussé, rien n’est définitif. En cas d’arrêt du médicament, ils risquent de tomber dans les 9 à 12 mois suivants.
Dans ces conditions, une autre spécialité à base de finastéride a été lancée début 2025. Dosé cette fois à 2,275 mg/ml, le Fincrezo se présente sous forme de spray pour application directe sur les zones dégarnies du cuir chevelu ‒ contrairement aux médicaments existants qui étaient sous forme de comprimés à prendre par voie orale. De fait, cette application locale est présentée comme une alternative moins risquée. Elle peine toutefois à convaincre. Son efficacité ne semble pas forcément meilleure. Selon la revue médicale Prescrire qui lui a décerné un carton rouge dans son numéro de septembre 2025, elle permet la repousse de 13 cheveux par cm2. Sur une densité de départ de 200, ce n’est pas massif. Et son innocuité n’est pas garantie. Même si le passage dans le sang est moindre qu’avec les comprimés, des diminutions de concentration hormonales ont été constatées. Certes le risque suicidaire n’est pas retenu pour cette présentation en spray. Mais tous les autres dangers, psychiatriques et sexuels, existent bien.
Avant de prescrire un médicament à base de finastéride contre la chute des cheveux, les médecins devraient systématiquement avertir leurs patients des risques encourus. Si vous êtes déjà traité, soyez attentif et réagissez sans attendre. « En cas de modification de votre humeur (humeur dépressive, dépression ou pensées suicidaires), arrêtez vous-même votre traitement et consultez votre médecin », préconise ainsi l’Agence du médicament (ANSM). En définitive, mieux vaut éviter de prendre ces médicaments. Si l’alopécie est vraiment très dure à vivre, les médicaments à base de minoxidil (Alopexy, Alostil et nombreux génériques) sont préférables. Ils ne sont pas beaucoup plus efficaces mais, au moins, ils ne mettent pas en péril la santé.
Bon à savoir Le risque de pensées suicidaires concerne aussi les médicaments à base de finastéride dosé à 5 mg (Proscar) et d’une substance active de la même famille, le dutastéride (Avodart) qui sont prescrits dans les troubles de la prostate et les difficultés à uriner associées.
Perrine Vennetier
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