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Carte musique jeune

La musique sous perfusion

Désormais approuvée par la Commission européenne, la carte musique jeune, qui permettra aux 12-25 de télécharger de la musique à moitié prix, devrait voir le jour prochainement. Le gouvernement veut croire qu’elle réconciliera les jeunes avec l’offre légale. C’est illusoire.

La date de lancement n’est pas encore fixée, mais le service de presse du ministère de la Culture l’affirme : la commercialisation de la carte musique jeune est une question de semaines. Initialement programmée pour la fête de la musique, le 21 juin dernier, puis reportée à la rentrée de septembre, la mise en route du dispositif n’attendait que le feu vert de la Commission européenne. C’est chose faite.

Le 12 octobre, Bruxelles a autorisé la France à subventionner les téléchargements légaux de musique, et ce bien que les aides d’État soient en théorie interdites par le traité instituant la Communauté européenne. « La Commission a estimé que la mesure était conforme aux règles de l’Union européenne autorisant le soutien d’objectifs d’intérêt général. En particulier, la mesure est bien conçue pour atteindre son objectif, elle est d’une durée et d’une portée limitées et elle offre des garanties limitant les éventuelles distorsions de concurrence », explique-t-elle.

Concrètement, cette carte virtuelle sera proposée aux 12-25 ans, qui pourront acheter pour 25 euros un crédit d’une valeur de 50 euros à dépenser sur les plates-formes payantes de musique en ligne (iTunes, Fnac.com, Amazon, etc.). Pour que la mesure profite à tous les sites légaux, et non uniquement aux plus gros, les ventes sont plafonnées à 5 millions d’euros pour chacun d’entre eux. Le dispositif doit durer 2 ans, le consommateur ne pouvant acheter qu’une carte par an.

Effet « prime à la casse »

Le gouvernement espère qu’un million de cartes seront vendues chaque année. Si cet objectif est rempli, la subvention de l’État – et donc du contribuable – atteindra 25 millions d’euros par an, soit 50 millions d’euros au total. À en croire le gouvernement, il s’agit là du prix à payer pour réconcilier les consommateurs (de moins de 25 ans…) avec le téléchargement légal. « Cette mesure contribuera à habituer les jeunes consommateurs à utiliser des sites légaux de distribution de musique sur Internet », affirme le ministère de la Culture. Au point de payer le double pour acheter la même quantité de musique dans 2 ans ? Pas sûr… C’est un peu l’effet « prime à la casse » : si les ventes décollent pendant la durée de l’opération, rien n’indique que le niveau sera maintenu une fois l’industrie musicale débranchée de sa perfusion. Après Hadopi (lire notre article), la carte musique jeune risque bien d’être encore une mesure très chère et inefficace.

Camille Gruhier

Camille Gruhier

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