Gare au retour sur terre

Dans notre enquête de décembre 2007 (lire l'article), nous mettions en garde les consommateurs contre les nouvelles cartes bancaires « co-brandées » (ou « co-marquées »), associant une marque commerciale et un établissement de crédit. Ces cartes permettent de payer ses achats et d'effectuer des retraits comme n'importe quelle carte Visa ou Mastercard classique. La différence : en échange d'avantages commerciaux (généralement assez faibles), ces cartes sont adossées à une réserve d'argent, tous les achats ou retraits peuvent ainsi s'effectuer à crédit... revolving. C'est-à-dire à un taux parfaitement prohibitif, compris entre 14 et 21 % (contre 4 à 8 % pour un crédit personnel simple).

La carte Air France se révèle malgré tout un peu plus intéressante que la majorité des autres « co-brandées ». L'achat à crédit des billets ne se fait pas au taux du crédit revolving, mais au taux d'un classique crédit à la consommation (actuellement entre 6 et 8 % hors assurance non obligatoire). On a évité le pire... Exemple : l'achat d'un billet de 500 euros sur 6 mois à un taux de 6 % représente six mensualités de 84,14 euros par mois, pour un coût total d'environ une dizaine d'euros... Correct.

Une utilisation prudente

Reste l'aspect plus sombre de la carte : la fameuse réserve d'argent. Heureusement, et contrairement à certaines autres cartes « co-brandées », les achats et retraits ne s'effectuent pas à crédit par défaut. Pour payer ou retirer en puisant dans sa réserve d'argent, il faut en effectuer explicitement la demande... Il n'empêche, il peut être tentant pour les plus dépensiers, voire les plus endettés, de compter sur cette manne pour boucler des fins de mois ou se mettre à dépenser sans compter... Or, comme nous le rappelait Jean-Louis Kiehl, vice-président de la Chambre régionale du surendettement social (Cresus) d'Alsace : « Dans l'absolu, il faudrait utiliser toutes ces cartes uniquement au comptant. Le crédit devrait être réservé à des dépenses exceptionnelles, mais en aucun cas utilisé pour des dépenses permanentes. » En résumé, des billets à crédit, pourquoi pas, mais surendettés ou « serial shoppers » s'abstenir...