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La HQE remise en question

Une étude met en évidence que les bureaux certifiés Haute qualité environnementale (HQE) consomment souvent plus d’énergie que prévu. Certains enseignements de cette étude semblent transposables au logement.

Le vert est un peu plus pâle que prévu. Une des premières études sur les consommations réelles en énergie des bâtiments certifiés Haute qualité environnementale (HQE) conclut à des performances moindres qu’escomptées. Réalisée pour le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) par Jean Carassus, professeur à l’École des Ponts ParisTech, elle se penche sur des exemples américains et français. Aux États-Unis, il apparaît que les immeubles certifiés LEED (leadership in energy and environmental design) sont globalement moins gourmands en énergie que des immeubles comparables non labélisés, mais avec de nombreuses exceptions. Selon les paramètres retenus, 28% à 35% des immeubles LEED ressortent comme moins économes que des constructions sans label.

En France, le rapport se penche sur trois cas concrets. L’un d’entre eux, construit par l’Ineris((Institut national de l'environnement industriel et des risques) à Verneuil-en-Halatte en 2005, fait légèrement mieux que ses objectifs. Les deux autres, en revanche, en sont très loin. Un bâtiment Icade d’Aubervilliers, datant également de 2005, visait un objectif de 120 KWhef/m²/an (1)  tout compris (chauffage, rafraîchissement, ventilation, eau chaude, éclairage, auxiliaires). Sa consommation réelle en 2007 a été de 170 KWhef/m²/an. Explications avancées : un des occupants de l’immeuble est un journal ouvert sept jours par semaine et non cinq comme prévu dans les simulations. Quant à la température, qui devait être de 19° en hiver et de 26° en été, elle est de 22° toute l’année. Un autre bâtiment construit en 2006 dans le 19e arrondissement de Paris (Millénaire 1) a dépassé lui aussi très largement les prévisions, avec une consommation annuelle de 155 KWhef/m² en 2008, contre 92 espérés. Raisons invoquées cette fois : les parkings restent éclairés toute la nuit, la climatisation et le chauffage fonctionnent parfois en simultané et les températures prévues ne sont pas toujours respectées.

L’étude se garde bien de condamner le principe même de la Haute qualité environnementale. Son auteur souligne que les immeubles étudiés étaient en quelque sorte en « rodage » et que leur performances s’amélioreront sans doute avec le temps.

Si l’étude porte seulement sur l’immobilier professionnel, un enseignement au moins est transposable au logement pour considérer avec recul les promesses de la HQE : qu’est-ce qu’un usage « normal » ? Le mode de vie retenu (température, ventilation, éclairage, etc.) est-il réaliste  ou pèche t-il au contraire par excès d’optimisme ? La question est d’autant plus importante que la consommation d’énergie, comme le souligne l’auteur, influence déjà sensiblement la valeur de l’immobilier à la revente.

(1) Kilowatt d’énergie finale par mètre carré de surface hors œuvre nette par an.

Erwan Seznec

Erwan Seznec

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