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DPEUn changement favorable aux logements chauffés à l’électricité

Fabrice Pouliquen

par Fabrice Pouliquen

Au 1er janvier 2026, le coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire, l’un des facteurs pris en compte dans le calcul de la performance énergétique, sera abaissé. Près de 850 000 logements chauffés à l’électricité pourraient ainsi, sans aucuns travaux, quitter le statut de passoire énergétique.

Comme pressenti, la méthode de calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE) évoluera de nouveau au 1er juillet 2026, cette fois-ci au profit des logements chauffés à l’électricité. Le coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire qui leur est appliqué passera de 2,3 actuellement à 1,9 soit le niveau recommandé à l’échelle européenne. Un arrêté sera signé début septembre 2025, « après une consultation publique lancée dans les prochains jours », précise Matignon dans un communiqué de presse.

Par cet abaissement, le ministère du Logement entend corriger « une inégalité de traitement pénalisant jusqu’ici les logements chauffés à l’électricité, y compris lorsqu’ils ont fait l’objet de travaux de rénovation ».

Corriger un frein à l’électrification des usages ?

Ce coefficient de conversion vise à comparer les différentes énergies utilisées dans un logement en les rapportant toutes à leur énergie primaire, soit la forme brute de l’énergie, avant sa transformation et son transport jusqu’au client. En somme, jusqu’aux logements. Or, l’électricité essuie plus de pertes de rendement que d’autres énergies lors de ces deux étapes et se voit ainsi, historiquement, appliquer ce fort coefficient de 2,3 quand le gaz, le fioul ou le charbon sont à 1.

Résultat : les logements chauffés à l’électricité se retrouvent plus facilement avec une mauvaise étiquette sur leur DPE que des biens équivalents qui continuent à avoir recours aux énergies fossiles (gaz, charbon, fioul), les plus émettrices en gaz à effet de serre. « Ce biais contribue à freiner l’électrification des usages, pourtant essentielle à notre stratégie énergétique et climatique, et nuit à la lisibilité des investissements pour les ménages », estime Matignon dans un communiqué.

Des députés, sénateurs et lobbies poussaient régulièrement pour cette modification. Selon les calculs du gouvernement, 850 000 logements quitteraient le statut de passoire énergétique ‒ les étiquettes F et G du DPE ‒ par ce seul changement de coefficient. Pour rappel, 4,8 millions de résidences principales (soit 15,7 % du parc) sont des passoires, comptait l’État début 2024.

Les locataires, grands perdants ?

La méthode de calcul du DPE évolue régulièrement. En février 2024 déjà, un arrêté introduisait des coefficients de pondération pour les logements de petites surfaces (moins de 40 m2) jugés, eux aussi, défavorisés par la méthode de calcul du DPE. Ces corrections devaient faire sortir 140 000 logements du statut de passoire. D’autres modifications sont régulièrement demandées par le secteur de la rénovation, notamment pour une meilleure prise en compte des spécificités des bâtiments anciens.

Ces modifications, dont la justification peut poser question, font sortir artificiellement des centaines de milliers de logements sans que des travaux de rénovation énergétique y soient entrepris. Seuls les propriétaires y gagnent. Les acheteurs et locataires, eux, sont induits en erreur par des étiquettes subitement devenues très flatteuses mais masquant des factures de chauffage inchangées et bien souvent anormalement élevées. C’est toute la lisibilité du DPE qui en sera ainsi brouillée.

Fabrice Pouliquen

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