Elsa Casalegno
Aux arômes de microplastiques
L’eau en bouteille n’échappe pas à la pollution généralisée de notre environnement par les plastiques. Une étude a compté près de 240 000 fragments de plastique par litre dans des bouteilles de plusieurs marques.
Les eaux en bouteille, bonnes pour la santé, vraiment ? Qu’elles soient minérales, naturelles, de source, ou encore de montagne, ces boissons n’échappent pas à la pollution généralisée de notre environnement : toutes sont contaminées par d’invisibles fragments de plastique. Ce n’est pas une surprise. Ce qui l’est, c’est l’ampleur de cette pollution : une étude américaine, publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences le 8 janvier, décompte près de 240 000 fragments de micro et nanoplastiques par litre, pour différentes marques d’eau en bouteille !
90 % de ces particules sont des nanoplastiques ‒ inférieurs à 1 micromètre, soit 10 à 100 fois plus fins qu’un cheveu. Or, ce sont potentiellement les plus dangereux, car leur taille leur permet de pénétrer dans le système sanguin et les différents organes du corps, y compris le cerveau et les organes reproducteurs, et d’en perturber le fonctionnement. Mais on ignore encore l’ampleur de leur toxicité.
Polyamide, polystyrène, polypropylène, polyéthylène…
Autre information donnée par l’étude : la nature de ces plastiques. Le plus fréquent est le polyamide (nylon), suivi par le PET (polyéthylène téréphtalate). D’autres plastiques (polystyrène, polypropylène, polyéthylène, etc.) ont également été identifiés. Le PET et le polyéthylène proviennent du matériau utilisé pour fabriquer les bouteilles. Le polypropylène et le polyamide sont utilisés dans le traitement de l’eau – ainsi, les filtres pour la filtration par osmose inverse, une méthode classique d’épuration de l’eau, sont en polyamide. Quant au PVC et au polystyrène, ils contaminent l’eau en amont des usines d’embouteillage.
Alors, le salut est-il dans l’eau du robinet ? Elle contient probablement moins de plastiques (en particulier ceux liés à la filtration osmotique et à l’emballage). Pour autant, elle présente parfois des seuils trop élevés de pesticides, entre autres. S’il est aujourd’hui difficile de garantir une eau exempte de toute pollution, le prix fait en revanche la différence : l’eau du robinet est 50 à 100 fois moins chère que l’eau en bouteille, sans tenir compte du coût d’élimination des bouteilles plastique.