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Étiquetage "sans OGM"

Carrefour joue les pionniers

Alors que le texte encadrant l’étiquetage « sans OGM » tarde à être publié, Carrefour prend les devants en apposant cette mention sur plus de 300 produits à sa marque.

Si les ingrédients transgéniques sont quasiment absents de nos assiettes, ils sont omniprésents dans les mangeoires des animaux d’élevage. La plupart des bêtes dont nous consommons la viande, les œufs ou le lait sont largement nourries de fourrages – notamment de soja – issus de végétaux génétiquement modifiés. Seuls font exception les produits bio et ceux issus de rares filières sans OGM mises en place de manière volontaire par quelques professionnels. Problème, ces derniers n’ont aucun moyen d’informer le consommateur. En discussion depuis des mois au sein du Haut Conseil des biotechnologies, le décret encadrant la future mention « sans OGM » fait figure d’Arlésienne.

Sans doute lassé de ces atermoiements, Carrefour a décidé de prendre les devants. L’enseigne a mis en rayon hier 300 produits étiquetés « nourri sans OGM », du porc aux poissons d’élevage en passant par le veau, les volailles et les œufs. Viande bovine et produits laitiers ne sont pas encore concernés car l’éparpillement des élevages et la durée de vie des animaux rendent la maîtrise des filières plus complexe. L’enseigne assure en effet opérer des contrôles tout au long de la chaîne, depuis le champ de soja brésilien jusqu’à l’élevage, majoritairement français. Elle estime le surcoût à 8 % en moyenne, 2 à 3 % étant répercutés sur le prix final du produit. Malgré tout, elle espère attirer des clients supplémentaires : selon un sondage IFOP, 63 % des Français arrêteraient de consommer un produit s’ils apprenaient qu’il provient d’animaux nourris avec des OGM.

Seuil de 0,9 %

En tout cas, le fait que Carrefour se lance avant tout le monde n’a rien d’étonnant. Historiquement, l’enseigne a toujours refusé le recours aux OGM dans les produits à sa marque. Sa démarche est saluée par diverses associations comme le WWF et Greenpeace, même si le zéro OGM absolu n’est pas garanti. Comme l’étiquetage le signale clairement, c’est le seuil de 0,9 % qui est appliqué ici (voir l’encadré ci-dessous). D’autres mouvements de défense de l’environnement estiment, eux, que l’étiquetage sans OGM devrait être réservé aux produits n’en contenant pas du tout, ou du moins en deçà du seuil de détection. Mais du fait des risques de contamination croisée, une telle promesse est quasiment impossible à tenir. Le seuil de 0,9 % semble donc, aux yeux de beaucoup, le seul à même de permettre de pérenniser les filières sans OGM qui pourront, grâce à l’étiquetage, valoriser leurs efforts.

La réglementation OGM

Si la réglementation ne prévoit rien concernant l’étiquetage des produits issus d’animaux ayant consommé des OGM, elle encadre celui des produits susceptibles de contenir eux-mêmes des ingrédients transgéniques : huile de colza, protéines de soja, etc. Tout opérateur qui en utilise doit le signaler dans la liste des ingrédients. En cas de contrôle, si rien n’est signalé et que des OGM sont détectés, le fabricant ne peut échapper aux poursuites qu’à une double condition :

– il doit prouver que la présence est fortuite ;

– la quantité de produits transgéniques ne doit pas dépasser 0,9 %, seuil appliqué ingrédient par ingrédient. Par exemple, moins de 0,9 % de la lécithine de soja incorporée dans le produit peut être transgénique (et non 0,9 % du poids total du produit comme on le lit souvent).

Ce seuil de 0,9 % a été décidé au niveau européen pour tenir compte des risques de contamination fortuite au niveau des champs ou en aval. C’est celui qu’a repris Carrefour pour son étiquetage qui concerne, lui, l’alimentation animale.

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