par Elsa Casalegno
Kit de surviePas besoin de dépenser des centaines d’euros !

Alors que les messages alarmistes se multiplient sur des risques de conflit armé, il est des secteurs qui se frottent les mains : sur Internet, des annonces pour des kits de survie à plusieurs dizaines voire plusieurs centaines d’euros fleurissent. Mais il est aussi possible de composer son kit soi-même, sur la base des conseils du gouvernement.
Les survivalistes et les complotistes ne sont plus les seuls. Désormais, l’Union européenne et ses États membres préparent les esprits à des situations d’urgence comme un risque de conflit armé avec la Russie ou une autre puissance militaire… Dans ce contexte, outre élaborer une stratégie commune de défense et de gestion des crises, ils incitent les citoyens européens à disposer, chez eux, d’un kit de survie pour « tenir » 72 heures minimum en autonomie.
Le site officiel d’information de l’exécutif français recommande en effet de constituer un « kit d’urgence ». Il doit inclure le nécessaire pour être autosuffisant pendant au moins 3 jours. Les habitants des régions du globe confrontées à des risques sismiques ou à des ouragans sont déjà habitués à ce genre de consignes, en particulier concernant le stockage d’eau et de nourriture. C’est le cas de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion, des îles situées sur le passage régulier de cyclones. Mais c’est moins habituel pour la métropole.
Si vous ne savez pas par où commencer, vous pouvez en commander un clés en main, sur Internet : les annonces y foisonnent. Dans de beaux sacs vous sont proposés divers assortiments, allant de la panoplie de base à des versions « premium », intégrant par exemple de l’eau et de la nourriture pour 24 jours, un filtre à eau, des couvertures thermiques, une radio high-tech Bluetooth, un chauffage au pétrole avec son carburant, des outils, un sifflet, une pelle-pioche, etc. Dans ce cas, il vous faudra débourser plusieurs centaines d’euros.
Vous pouvez aussi constituer ce kit vous-même à partir des recommandations gouvernementales (1). Dans un sac prêt à être emporté à tout moment, voici ce qu’il devra contenir.
- Eau en bouteilles (au minimum 6 l par personne, à raison de 2 l par jour pour au moins 3 jours)
- Nourriture non périssable ne nécessitant pas de cuisson (barres énergétiques, conserves…)
- Vêtements chauds
- Radio à piles (afin de se connecter à une radio de France TV pour obtenir les consignes officielles)
- Médicaments de base (paracétamol, etc.) (et vos traitements habituels pour au moins 3 jours)
- Pastilles de désinfection de l’eau
- Trousse de premiers secours (ciseaux, compresses stériles de plusieurs tailles, sparadrap, épingles de sûreté, thermomètre, pansements – dont des tulles imprégnés pour les brûlures –, désinfectant, sérum physiologique – pour rincer les plaies ou les yeux –, gants à usage unique, masques, pince à épiler, bandes en rouleau, couverture de survie, guide de secourisme, compresses froides instantanées, coussin hémostatique d’urgence pour stopper les hémorragies (2)
- Lampe de poche et piles de rechange, bougies, briquet ou allumettes
- Outils de base tels que des couteaux multifonctions
- Chargeurs pour téléphones portables
- Lunettes de secours (si vous en portez)
- Double des clés de maison et de voiture
- Photocopies de documents importants (carte d’identité, passeport, livret de famille, ordonnances…) dans une enveloppe étanche
- Jeux (et livres !) pour s’occuper
- Argent liquide (pour le cas où les distributeurs ne fonctionneraient plus)
- Articles d’hygiène (protections féminines, mouchoirs, papier toilette, savon, dentifrice et brosse à dents, gel hydroalcoolique)
- Ruban adhésif (pour calfeutrer le logement)
En plus de ces équipements de secours, pensez aussi au doudou de votre enfant, et à un disque dur sur lequel vous aurez stocké les scans de vos documents officiels, les photos auxquelles vous tenez, et de la musique. Ainsi qu’une feuille avec les numéros d’urgence (pompiers, SAMU, centre antipoison, police) et ceux de proches à contacter. Sans oublier, au besoin, croquettes, pâtée et eau pour votre animal domestique.
Une fois ce kit constitué, il ne vous restera plus qu’à trouver un endroit où le ranger ! Accessible, de préférence, pas au grenier ni au fond de votre cave ou de votre garage.
Un autre marché juteux : le bunker de survie
Dans un certain nombre de pays, les panic rooms, ces pièces sécurisées dans lesquelles on peut trouver refuge en cas d’agression, sont pratique courante. C’est par exemple le cas au Pérou. Plus près de nous, la Suisse oblige chaque nouvelle habitation à intégrer un abri. Et les entreprises surfent sans complexe sur « la perspective d’une apocalypse ». Ainsi, BunkerSwiss.com annonce : « Face à la montée des tensions mondiales, nous explorons la faisabilité et l’accessibilité des abris souterrains en tant que refuges à long terme » et propose des bunkers en kit résistant aux attaques nucléaires, biologiques, chimiques, climatiques mais aussi électromagnétiques. En France, des constructeurs annoncent des prix de 90 000 €/10-15 m2 pour avoir « un ouvrage sérieux » – loin d’être à la portée de tout le monde ! Les plus fortunés pourront s’offrir un fort militaire de plus de 10 000 m2. Et si vous n’y trouvez pas refuge, qu’importe, il s’agit d’un « investissement potentiellement très lucratif »…
(1) Les objets périssables (eau, aliments, piles, médicaments) devront être renouvelés régulièrement.
(2) Sources : Croix-Rouge française et Protection civile.
Elsa Casalegno