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Lécanémab (Leqembi)

Qu’attendre du nouveau médicament contre Alzheimer ?

Ce médicament semble ralentir un peu le déclin cognitif dans les tout débuts de la maladie d’Alzheimer. S’il soulève des espoirs compréhensibles, ce n’est pas un médicament qui va permettre de guérir ni même de stopper l’évolution de cette maladie neurodégénérative.

En juillet 2023, le lécanémab (Leqembi) était formellement autorisé aux États-Unis pour traiter les formes débutantes de la maladie d’Alzheimer. Ce nouveau traitement est en cours d’examen en Europe où il suscite de grands espoirs, compte tenu du manque dramatique de thérapie contre les démences. Cet anticorps monoclonal cible les plaques amyloïdes, des amas de cellules impliquées dans la maladie neurodégénérative. Un précédent médicament, l’aducanumab, fonctionnant sur le même principe a été autorisé aux États-Unis dans un contexte controversé tandis que l’Agence européenne du médicament l’avait retoqué fin 2021. Le lécanémab débarque donc sur le marché dans un contexte d’espoir et de suspicion.

Diminution du déclin de 2,5 %

Que vaut donc cette nouvelle molécule ? Pour le dire d’emblée, elle n’arrête pas ni ne guérit la maladie. Mais elle ralentit le déclin chez les personnes traitées. Cet effet est-il pertinent ? C'est toute la question. Pour juger du déclin cognitif et fonctionnel, les médecins ont utilisé un score allant de 0 à 18 (plus le chiffre est haut, plus la déficience est importante). Au départ, les personnes avaient un score moyen de 3,2 (soit des troubles très légers). Dix-huit mois plus tard, toutes les personnes avaient décliné mais légèrement moins pour les personnes traitées avec le lécanémab (score de 4,41) que celles non traitées (score de 4,86). Cela correspond à une diminution du déclin de 2,5 % dans l’absolu dont il est difficile d’imaginer que cela représente de grandes différences en termes de mémoire, de réflexion, d’orientation ou d’autonomie ‒ qui sont pourtant des critères primordiaux pour les patients et leurs proches. Et ce, d’autant qu’il s’agissait de personnes en phase très précoce et que l’essai n’a duré qu’un an et demi. Est-ce que ce petit effet se cumulerait au fil des ans et finirait par se concrétiser cliniquement ? Les optimistes imaginent que oui. Les réalistes demandent à ce que ce soit démontré avant d’exposer les malades à cette molécule, qui peut provoquer par ailleurs des lésions cérébrales (œdèmes et hémorragies).

Perrine Vennetier

Perrine Vennetier

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