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Masques chirurgicaux

La décontamination par enveloppe possible

Des chercheurs bénévoles rassemblés dans le collectif AdiosCorona prônent la réutilisation des masques chirurgicaux après quelques jours de stockage dans des enveloppes. Explications.

Économique et écologique : la méthode de réutilisation des masques chirurgicaux conseillée par le collectif scientifique bénévole AdiosCorona (1) permet de les réutiliser jusqu’à 30 fois. Elle peut compléter ou se substituer à une autre solution, le lavage en machine. Il suffit, une fois le masque porté, de le mettre de côté pendant quelques jours. Le virus ne survit pas plus de 4 jours sur les surfaces en plastique, or les masques chirurgicaux sont essentiellement constitués de nanofibres de plastique. « Une étude parue dans le Lancet a montré qu’après 7 jours, malgré une concentration de départ élevée aussi bien sur la face externe que sur la face interne du masque, 99,9 % des particules virales n’étaient plus actives », explique Virginie Courtier-Orgogozo, directrice de recherche au CNRS, chercheuse à l’institut Jacques-Monnot et membre d’AdiosCorona.

« Le papier des enveloppes aide le masque à sécher »

En pratique, pour appliquer la méthode, il faut un peu d’organisation, mais surtout… des enveloppes en papier, blanc ou kraft, neuves ou déjà utilisées. « Il est possible de stocker les masques à l’air libre sur un crochet, note Denis Corpet, microbiologiste et enseignant-chercheur à l’université de Toulouse, mais le papier des enveloppes aide le masque à sécher. » L’enveloppe facilite aussi le roulement au quotidien : on y marque la date de stockage, afin de prévoir celle de réutilisation, ainsi que le nom de son propriétaire, « car il ne faut réutiliser que ses propres masques, pour ne pas transmettre un herpès, par exemple », souligne Virginie Courtier-Orgogozo. La décontamination peut être accélérée ou parachevée par une exposition à la chaleur du soleil ou d’un radiateur. En fonction du nombre de masques utilisés chaque jour, entre 7 et 14 enveloppes par personne sont nécessaires. Adrien Chopin, post-doctorant, également impliqué dans le collectif AdiosCorona, relativise au passage la limite de 4 h d’utilisation des masques chirurgicaux : « Elle est basée sur une étude de confort, établissant la durée à partir de laquelle le masque est mal supporté. Maintenant que nous sommes habitués, on peut aller au-delà de 4 h, il n’y a pas de danger. »

Et les autres microbes susceptibles d’être présents sur le masque ? Ne risque-t-on pas d’en favoriser la prolifération ? « Le masque chirurgical est hydrophobe, il y a peu de risque de survie d’autres germes », assure Virginie Courtier-Orgogozo. Denis Corpet alerte plutôt sur l’usage actuel des masques : « En tissu ou à usage unique, ils sont manipulés comme des mouchoirs, repliés humides dans la poche au gré des besoins. On peut craindre des aspergilloses [infection fongique, ndlr] ! »

La méthode des enveloppes a peu de limites. Il faut cependant se garder de continuer à réutiliser un masque abîmé, troué ou sale. D’autres méthodes basées sur le lavage ou l’application de chaleur sont possibles mais supposent d’autres manipulations.

(1) www.adioscorona.org

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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