ACTUALITÉ

Octobre roseUn festival de détournements commerciaux

Audrey Vaugrente

par Audrey Vaugrente

Comme chaque année, la campagne Octobre rose, dédiée à la sensibilisation sur le cancer du sein, est exploitée par de nombreuses marques. Pas toujours au bénéfice des femmes.

Voilà 10 jours que le mois dédié au dépistage du cancer du sein bat son plein. Importée en France en 1994 par le magazine Marie-Claire et la marque de cosmétiques Estée Lauder, la campagne Octobre rose a fait l’objet de nombreux détournements commerciaux. Cette année et la précédente ne font pas exception. Outre les brioches roses, macarons décongelés et autres courses en rose, certains ont fait preuve d’une certaine originalité dans le cynisme.

Du côté de l’habillement, Etam et Promod ont opéré une sélection dans leur collection d’automne habituelle. La première marque propose ainsi une sélection de sous-vêtements roses, la seconde des vêtements qui seraient adaptés aux femmes atteintes d’un cancer du sein. Et pour la bonne conscience, des dons sont possibles au moment de valider son panier en ligne. Etam double la mise, quand Promod reverse 100 % des bénéfices générés par la vente d’un foulard.

Une partie de la collection Octobre rose d’Etam, intitulée J’Etam Rose.

Du rose pour vendre

L’an dernier, le fabricant de vélos Voltaire avait adopté une stratégie similaire : un vélo rose layette était à gagner sur son compte Instagram. Pour chaque participation, 1 € était reversé à une association en lien avec le cancer du sein. Cette année, ces vélos reviennent, mais en édition limitée, et 10 % du prix sera reversé à une association.

Sur Instagram, le fabricant de vélos Voltaire annonce une édition rose « ultra-limitée ».

Mais au concours de l’étalage de rose, c’est sans doute Intermarché qui remporte la palme. Sur Instagram, une influenceuse filme une présentation à laquelle on ose à peine croire. Derrière les parapluies estampillés « Octobre rose », le linéaire est rempli de pommes (Pink Lady, bien sûr), de cannettes roses d’une boisson énergisante, de bouteilles de Contrex... On est loin d’un menu idéal qui réduit les risques de cancer.

Intermarché met en avant des produits roses sans aucun rapport avec le cancer du sein, comme des boissons énergisantes.

Et les hommes dans tout cela ? C’est sans doute ce qu’ont pensé les cadres de l’Association française d’urologie (AFU) au moment d’élaborer un post couvert de slips roses. Le message rappelle, utilement, que les mutations du gène BRCA augmentent considérablement le risque de développer un cancer du sein ou des ovaires chez les femmes... et de la prostate chez les hommes. Un rappel qui aurait sans doute pu attendre le mois de novembre, classiquement consacré aux cancers masculins.

L’Association française d’urologie profite aussi de l’occasion pour communiquer.

Cependant, la palme du mauvais goût revient à France pare-brise, qui met fièrement en avant ses pare-soleil et désodorisants de voiture en forme de seins. Un QR code orientant vers la plateforme de dons de l’Institut Gustave-Roussy complète tout de même le dispositif.

France pare-brise communique à sa façon sur Octobre rose.

On n’oublie pas les animaux !

En 2025, les vétérinaires saisissent eux aussi l’occasion de soigner leur communication. Ainsi, un service d’urgences vétérinaires souligne que le cancer mammaire est fréquent chez les chiennes et les chattes, et incite à la palpation des mamelles... quand bien même elle n’a pas fait ses preuves pour réduire la mortalité par cancer du sein chez l’humain.

Audrey Vaugrente

Audrey Vaugrente

Soutenez-nous, rejoignez-nous

La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir

image nous soutenir

Newsletter

Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus

image newsletter