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Personnes âgées

Le gouvernement rationne les soins

La décision du gouvernement de diminuer les moyens alloués aux établissements accueillant des personnes âgées dépendantes provoque un véritable tollé. La prise en charge efficace et humaine des seniors s'en trouve remise en cause.

Les mots sont forts : « sabotage » et « scandale », suivis des plus sobres « poudre aux yeux » et autres « effets d'annonce ». Les communiqués se suivent et se ressemblent. Professionnels du grand âge et représentants des résidents sont unanimes pour dénoncer les budgets rognés. À l'origine de cette vive réaction, la fixation de tarifs plafonds pour les établissements accueillant des personnes âgées dépendantes, par un arrêté pris en application de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS). Des tarifs assez bas, qui ne tiennent pas compte des démarches qualité. Et sont en totale contradiction avec les beaux discours sur la professionnalisation du secteur et la lutte contre la maltraitance.

« Les recommandations de bonnes pratiques se multiplient, mais les moyens pour les atteindre diminuent », fustige la Fédération hospitalière de France (FHF), d'autant que cette réduction s'inscrit dans la durée, en principe jusqu'en 2016. Avec une enveloppe budgétaire en baisse, les établissements devront réduire le personnel. « Aberrant ! dénonce Pascal Champvert, président de l'AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées). Dans son rapport de 2005, la Cour des comptes signalait que seule la moitié des besoins des personnes dépendantes étaient couverts. On manque de moyens et on continue à les baisser. »

Opacité des budgets

Autre cheval de bataille : le manque de transparence des crédits votés par le Parlement pour les dépendants et les handicapés. Une partie de ceux-ci sont inutilisés et serviraient à combler le déficit de la Sécurité sociale. « L'essentiel des financements suit un circuit financier complexe, sinon opaque, entre les comptes de l'Assurance maladie et ceux de la Caisse nationale de solidarité à l'autonomie » (argent issu de la journée de solidarité), constate la Cour des comptes dans son rapport public annuel 2009. À noter qu'il en va de même pour la fraction de l'argent de la dernière franchise médicale destinée à financer une partie du Plan Alzheimer III. Il n'apparaît pas sur une ligne budgétaire spécifique, mais est noyé dans les financements de l'assurance maladie...

La mobilisation des professionnels ne fait en tout cas que commencer. La médiatisation va se poursuivre, de même que l'interpellation des parlementaires. Quant aux familles, elles sont en colère. « On vit au travers d'effets d'annonce, cela passe bien auprès du grand public mais les familles, elles, s'aperçoivent que la bientraitance en reste au stade de l'écrit, qu'elle n'est pas appliquée, s'indigne Joëlle Legall, présidente de la Fédération des associations de personnes âgées en établissements (FNAPAEF), et que le prix de l'hébergement augmente de 5 % par an alors que les retraites ne sont revalorisées que de 1,5 % ! »

Micaëlla Moran

Micaëlla Moran

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