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Polluants éternelsLes PFAS bientôt interdits dans les jouets vendus dans l’Union européenne

Fabrice Pouliquen

par Fabrice Pouliquen

Le Parlement européen vient d’adopter de nouvelles règles interdisant l’utilisation intentionnelle de ces polluants éternels dans les jouets à partir de 2030. D’autres substances dangereuses sont aussi visées.

Ce mardi, le Parlement européen a adopté de nouvelles règles interdisant la commercialisation au sein de l’Union européenne (UE), à l’horizon 2030, de jouets contenant des substances considérées comme nocives pour la santé des enfants. Elles viennent mettre à jour la directive existante de 2009, qui interdisait déjà les substances cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR). Sont ajoutées dans cette liste des substances particulièrement nocives pour les enfants, les perturbateurs endocriniens, classés ainsi car modifiant la production des hormones ou interférant avec leur fonctionnement. C’est le cas également des types les plus dangereux de bisphénols (composés chimiques utilisés dans la fabrication de plastiques et de résines) mais aussi et surtout des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS).

Pour rappel, les PFAS regroupent une vaste famille de plusieurs milliers de composés chimiques artificiels, synthétisés par l’homme à partir d’hydrocarbures, composés d’atomes de carbone et de fluor reliés entre eux par des liaisons chimiques particulièrement stables.

Des polluants éternels dans le collimateur

La stabilité de cette liaison carbone-fluor est une aubaine pour les industriels qui utilisent les PFAS depuis les années 1950 pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes à la chaleur, etc. Résultat : ils se retrouvent dans une multitude d’objets du quotidien, des poêles aux nappes antitaches en passant par des vêtements de sport, des produits cosmétiques, des emballages de fast-food, mais aussi des jouets.

C’est cette même stabilité qui rend les PFAS quasi indestructibles dans l’environnement. D’où leur surnom de polluants éternels. Depuis des décennies, ils s’accumulent ainsi dans les milieux naturels, sans épargner les eaux de surface (rivières, lacs…) et les nappes phréatiques via la pluie, les ruissellements, les rejets industriels, la désagrégation dans les sols des pesticides, les rejets des stations d’épuration, etc. Pas étonnant alors de les déceler dans l’eau potable, comme nous l’avions montré dans notre étude de janvier 2025.

Or, plus la science étudie ces PFAS, plus elle découvre des effets délétères sur la santé. Elles sont suspectées, avec un haut niveau de certitude, de causer des maladies thyroïdiennes, des taux élevés de cholestérol, des lésions au foie, des cancers du rein, des faibles poids de naissance, listait l’Agence européenne pour l’environnement en 2019. Elle ajoutait d’autres risques, à un degré de certitude plus faible : cancer du sein, hypertension, obésité…

Passeport numérique

La technologie ne permettra pas, à elle seule, d’éliminer cette pollution. D’où la nécessité, en parallèle, de réduire drastiquement les quantités de PFAS encore aujourd’hui relarguées dans l’environnement. Ces nouvelles règles adoptées par le Parlement européen participent à couper ce robinet PFAS. Dans le détail, elles interdisent, d’ici 2030, « l’utilisation intentionnelle » de ces substances dans la fabrication des jouets. Et avant leur mise sur le marché, les industriels du secteur devront soumettre leurs produits à une évaluation de sécurité portant sur l’ensemble des dangers potentiels, qu’ils soient chimiques, physiques ou mécaniques. Chaque jouet devra disposer d’un passeport numérique (PNP), clairement visible et attestant de leur conformité aux règles de sécurité. Ces nouvelles règles s’appliquent aussi au commerce en ligne qui prend un rôle croissant dans la vente de jouets. Ces sites marchands devront ainsi configurer leur plateforme de manière à permettre aux vendeurs d’afficher le marquage CE, les avertissements de sécurité et les PNP des produits, précise le Parlement européen dans son communiqué.

En France, des interdictions dès 2026

En France, la loi du 27 février 2025 « visant à protéger la population des risques liés aux PFAS » interdit, à compter du 1er janvier 2026, les PFAS dans trois autres secteurs : les cosmétiques, les produits de fartage de ski, ainsi que dans les produits imperméabilisants destinés aux textiles et chaussures. Une deuxième salve d’interdictions suivra à compter du 1er janvier 2030. Elle concernera tous les autres textiles traités avec des substances imperméabilisantes ou résistantes à la chaleur, par exemple les nappes, les sets de table, les tabliers de cuisine ou encore les maniques, ainsi que les housses de matelas.

Si cette loi va dans le bon sens, il y a tout de même des exemptions regrettables. Le député EELV Nicolas Thierry, à l’origine de cette loi, prévoyait d’interdire les PFAS dans les ustensiles de cuisine également. Mais ce secteur a été retiré du projet de loi lors de son examen parlementaire.

Fabrice Pouliquen

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