par Boris Cassel
TransportL’étonnant succès des voyages en autocar

Les autocars font plus que jamais fureur. FlixBus, BlaBlaCar et quelques autres compagnies régionales ont transporté près de 18 millions de personnes l’année dernière. Principale motivation des passagers : une offre tarifaire sans équivalent.
Des trajets longs, peu confortables, des gares lugubres, des retards à la pelle... Sur le papier, le voyage en autocar a tout pour déplaire. Et pourtant, il connaît un succès inédit. Selon des chiffres récemment dévoilés par l’Autorité de régulation des transports, les compagnies de bus ont transporté quasiment 18 millions de passagers en 2024. Le record de fréquentation de 2019 est battu. Un chiffre historiquement haut qui englobe à la fois les voyages réalisés exclusivement en France (11,1 millions de passagers) et les liaisons internationales (6,8 millions de passagers).
Deux compagnies ‒ FlixBus et BlaBlaCar – dominent ce marché libéralisé en 2015 par la loi « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques », dite « loi Macron ». Cette dernière a permis aux compagnies de créer des lignes régulières de bus entre communes françaises. Selon l’Autorité de régulation des transports, « depuis la libéralisation du secteur en 2015, plus de 100 millions de passagers ont été transportés par les autocars librement organisés, dont 17 % n’auraient pas voyagé si ce mode de transport n’avait pas existé ».
6 € par passager pour 100 km
Et qu’est-ce qui attire tant les voyageurs ? Des billets à petits prix ! « Le transport par autocar figure parmi les plus économiques (6 € par passager pour 100 km en 2024) », note l’Autorité de régulation des transports. Comme nous l’expliquions il y a quelques mois, ces tarifs bas sont obtenus grâce, notamment, à un recours massif à la sous-traitance et à une qualité de service pas toujours au rendez-vous. D’ailleurs, cette dernière ne s’améliore pas. « Le taux de retard se dégrade nettement en 2024. Près d’un quart des autocars ayant effectivement circulé en 2024 arrivent à leur terminus avec un retard de plus de 15 min, en hausse de 2,5 points », explique l’autorité de régulation des transports. Rappelons, au passage, une particularité de ce type de transport : les retards à l’arrivée n’ouvrent aucun droit à indemnisation. Dans le secteur des autocars, les passagers ne peuvent être indemnisés qu’en cas de retard constaté… au départ du voyage.
Les « cars Macron » sont aussi souvent accusés d’être polluants. Qu’en est-il concrètement ? « Les autocars SLO [services de transport librement organisés, ndlr] ont émis environ 96 millions de kg d’équivalent CO2 en 2024, en augmentation de 11 % sur 1 an, du fait de la progression du trafic », explique l’autorité de transports. Pour autant, selon cet organisme de contrôle, puisque les bus sont bien remplis, ils ont un meilleur bilan environnemental que d’autres moyens de transport. Concrètement, chaque passager génère environ 23 g de CO2 par kilomètre parcouru. C’est 5 fois moins qu’en empruntant la voiture. Beaucoup plus surprenant, en se basant sur ce mode de calcul (émission par passager et par kilomètre), le bilan environnemental des autocars serait même meilleur que celui des trains Intercités et TER lorsqu’ils sont tirés par des locomotives thermiques.
Boris Cassel