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Viande de cheval

Traçabilité déficiente outre-Atlantique

Des associations de défense des animaux dénoncent les conditions de vie et de mort inacceptables des chevaux de boucherie sur le continent américain. Alors qu’une large partie de la viande chevaline consommée en France provient d’outre-Atlantique, une meilleure traçabilité de la viande chevaline est nécessaire, tant pour des raisons éthiques que sanitaires.

En Amérique, on achève bien mal les chevaux. C’est en tout cas ce que dénoncent les associations françaises Welfarm et Afaad (Association en faveur de l'abattage des animaux dans la dignité), qui relayaient le 8 février 2017 l‘enquête menée sur le continent américain par les ONG suisses et allemandes de protection animale AWF et TSB (1). Chevaux blessés parqués sans soins, transports inadaptés, privations, actes de violence de la part des personnels d’abattoir… Des images insoutenables qu’AWF et TSB rapportent avoir notamment filmé dans les parcs d’engraissement pour chevaux des provinces canadiennes d’Alberta et de Québec ou encore lors de transports de chevaux en Uruguay.

Au-delà de ces actes de maltraitance, Welfarm rappelle également le manque de traçabilité de la filière chevaline américaine qui exporte pourtant massivement vers l’Europe.

Ainsi en France, plus des deux tiers de la viande chevaline provient de l’étranger. Selon les chiffres des douanes, en 2016 près de la moitié des importations ont traversé l’Atlantique, soit 2 434 tonnes provenant du continent nord-américain et 2 668 tonnes de l’Amérique du Sud.

Mexique et Canada sont peu à cheval sur le contrôle sanitaire

La filière américaine est en effet accusée d’être peu regardante sur la présence de résidus de médicaments – interdits en Europe – dans la viande de chevaux qui n’ont pas été élevés pour leur viande et dont la boucherie n’est qu’une « seconde carrière ».

Ainsi depuis 2015, l'Union européenne interdit l'importation de viande chevaline en provenance du Mexique au motif que ce pays est dans l'incapacité d'assurer des contrôles attestant de la présence ou non de substances interdites en Europe dans cette viande, telle que la phénylbutazone, un anti-inflammatoire notamment destiné à soigner les fourbures  des chevaux dont la présence est interdite par l’Europe dans la viande de cheval destinée à la consommation humaine.

À partir du 28 février, l’Union européenne exigera également que les chevaux provenant d’Amérique du Nord restent six mois au Canada avant d’être abattus pour le marché européen. Une condition qui vise à protéger le consommateur en s’assurant qu’il n’y ait pas de résidus de médicament dans la viande. Mais les systèmes de contrôle au Canada sont également mis en cause par un rapport de l'Office alimentaire et vétérinaire (OAV) de 2015. Notamment invoqué, un système de traçabilité trop flou qui repose sur la simple déclaration par le dernier propriétaire de l’animal des prescriptions vétérinaires au cours des six derniers mois.

L’Europe peut également faire mieux

De ce côté-ci de l’Atlantique, des parlementaires européens souhaitent également renforcer la traçabilité de la viande chevaline en proposant, par exemple, l’enregistrement de tous les traitements médicamenteux courants des chevaux non destinés à la boucherie afin de limiter les risques pour la santé publique en cas d’abattage illégal. La proposition portée par l’eurodéputée anglaise Julie Girling devrait être examinée en mars.

Rappelons enfin que l’étiquetage de l’origine des viandes, obligatoire pour le bœuf, le porc, le mouton, la chèvre et la volaille, ne l’est pas pour la viande équine. Une absence de traçabilité pour le moins troublante pour une viande dont la présence « fortuite » dans des lasagnes en 2013 est encore dans tous les esprits.


(1) AWF : Animal Welfare Foundation (association de protection animale suisse allemande) ; TSB : Tierschutzbund Zürich (association de protection animale suisse).
Marie-Noëlle Delaby

Marie-Noëlle Delaby

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