par Arnaud Murati
VoitureLe contrôle technique bientôt renforcé
Si la France et la plupart des pays membres de l’Union européenne ont rejeté l’annualisation du contrôle technique, le cahier des charges des futures inspections sera considérablement durci. Dès le 1er janvier 2026, les voitures dotées d’airbags Takata ne satisferont plus à la visite !
Le ministre des Transports français avait tout de suite prévenu, ses collègues des différents États européens lui ont emboîté le pas : le contrôle technique à destination des véhicules légers de plus de 10 ans ne deviendra pas annuel, quoi qu’en dise la Commission européenne qui plaidait en ce sens. Les ministres réunis sous la houlette du Conseil de l’Union européenne l’ont fait savoir le 4 décembre dernier. La position est provisoire en attendant un vote définitif du Parlement européen. L’Union européenne a en effet proposé, en avril 2025, une révision de la directive qui encadre le contrôle technique, car celle toujours en vigueur à ce jour remonte à 2014 et s’avère de plus en plus en décalage avec l’avancée technologique des véhicules. Côté français, la Commission des affaires européennes du Sénat a rendu son avis : « Aucune justification convaincante n’était apportée à l’appui de cette mesure qui paraît difficile à accepter sur le plan social et complexe à mettre en œuvre sur le plan opérationnel. »
Âge moyen du parc français : 13 ans
Les camionnettes et autres véhicules utilitaires légers (VUL) n’iront pas non plus au centre technique plus souvent. Les ministres des Transports se sont en revanche mis d’accord pour que ces véhicules soient soumis à des contrôles aléatoires en bord de route, à l’image de ce qui se pratique pour les poids lourds, ainsi qu’à une visite annuelle sur les émissions polluantes ‒ un contrôle déjà effectué dans l’Hexagone. Les sénateurs français estiment là aussi que « la mise en place d’un contrôle annuel des émissions des VUL va dans le bon sens », mais s’interrogent « sur la pertinence d’un tel contrôle dès la première année de circulation ».
Mettre en place un contrôle technique annuel à destination des véhicules de plus de 10 ans peut paraître une bonne idée d’un point de vue théorique. Plus l’âge de l’engin augmente et plus les défauts deviennent fréquents. Mais deux variables sont à prendre en compte : d’abord l’âge moyen du parc français oscille autour des 13 ans, ce qui signifie que ce sont au moins des centaines de milliers de contrôles supplémentaires qui devraient avoir lieu en cas d’annualisation. D’autre part, les résultats techniques obtenus par les vieux véhicules ne paraissent pas inquiétants outre mesure : en 2024, 74,5 % des véhicules légers (M1) de plus de 10 ans qui se sont présentés dans un centre de contrôle en France en sont ressortis avec un macaron du premier coup !
Réduire les émissions d’oxydes d’azote et de particules fines
Si les futures inspections ne seront pas plus fréquentes, elles devraient en revanche être bien plus sévères. Les sénateurs « saluent l’ajout de nouveaux points de contrôle améliorant le suivi du bon fonctionnement des véhicules électriques et hybrides ainsi que des systèmes électroniques de sécurité et d’aides à la conduite » et encouragent aussi « la mise en place de mesures visant à réduire les émissions de NOx (oxydes d’azote) et de particules fines ». L’Europe souhaite notamment prendre en compte les particules émises par les diesels Euro 5 et 6, comme cela se fait déjà en Belgique par exemple. Les sénateurs semblent toutefois parfaitement au courant que pour mesurer les oxydes d’azote à l’échappement, l’affaire se corse… Ils appellent la Commission européenne à développer « des méthodologies opérationnellement et économiquement acceptables ». Enfin, les élus français voudraient retarder l’application de ces nouvelles méthodes de contrôle en raison « de l’ampleur des mesures proposées à mettre en œuvre ». Rappelons que la proposition de directive présentée en 2025 avait déjà deux ans de retard sur le calendrier initialement promis par Bruxelles.
Mais avant que le contrôle technique ne se réforme en profondeur pour mieux coller à la réalité technologique des autos, une nouveauté fera son apparition dès le 1er janvier 2026 en France : tout véhicule doté d’un airbag Takata classé « stop drive » (Citroën C3 et DS3) qui n’aurait pas encore été modifié fera l’objet d’une contre-visite. Et même d’une interdiction pure et simple de rouler tant qu’il n’a pas été réparé. Soit la même procédure que pour les défauts les plus graves (absence de freinage, de rétroviseurs…).
Arnaud Murati