BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Consigne pour recyclage

L’Ademe confirme un surcoût pour les consommateurs

À la suite de l’alerte lancée par l’UFC-Que Choisir avec le cercle national du recyclage sur l’impact environnemental et économique très négatif qu’aurait la mise en place de la consigne pour recyclage [1] des bouteilles plastiques, je dois dire que j’ai bu le rapport de l’Ademe comme du petit lait… En effet, dans son rapport, l’Agence compare l’efficacité de la consigne pour recyclage et l’amélioration de la collecte sélective sur le taux de collecte des emballages. Or, le rapport souligne bien que si les deux scénarios permettent d’atteindre l’objectif fixé au niveau européen de 90 % de collecte des bouteilles plastiques en 2029, ce n’est clairement pas au même prix pour les consommateurs !

L’Agence indique que la collecte sélective des bouteilles en plastique est aussi efficace que la consigne pour recyclage, sous réserve de la mise en place de différentes mesures, dont la généralisation de la tarification “incitative” [2] et l’extension des consignes de tri, ce que réclame d’ailleurs de longue date notre association. Autre vertu de l’amélioration de la collecte sélective, et non des moindres : elle permet un meilleur taux de collecte des autres emballages. L’augmentation de la collecte des emballages légers serait ainsi de 3,5 points en moyenne, de 5 points pour les emballages légers plastiques et de 3 points pour les emballages légers en papier carton par rapport aux scénarios avec consigne.

De plus, toujours selon l’Ademe, le scénario de collecte sélective est globalement moins onéreux : 2 053 millions d’euros par an contre de 2 125 à 2 335 millions d’euros pour les scénarios avec consigne à l’horizon 2029, soit un surcoût global de 100 à 300 millions payé par les consommateurs si la consigne était mise en place.

Ensuite, une partie des recettes liées aux consignes ne sera pas restituée aux consommateurs du fait des emballages non retournés et ira directement dans la poche des metteurs sur le marché (Nestlé, Danone, Coca-Cola, etc.) : 103 à 252 millions d’euros en fonction du périmètre de la consigne. Un chiffre optimiste puisqu’il suppose une réduction drastique du nombre d’emballages mis sur le marché en 2029. En effet, en se basant sur le nombre d’emballages mis sur le marché en 2021, le montant de non-retour pourrait s’élever à environ 500 millions d’euros, comme l’UFC-Que Choisir l’avait relayé. Par ailleurs, les consommateurs peuvent s’inquiéter des conclusions du rapport qui considère que plus le montant de la consigne est élevé, plus cette dernière est « efficace »…

Je le dis et l’écris aujourd’hui au ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires : la consigne pour recyclage pénalise les consommateurs et n’est pas la bonne solution en matière de gestion des déchets. C’est quand même un comble en pleine crise de pouvoir d’achat et d’inflation galopante que de créer des mesures inflationnistes à l’efficacité environnementale contestable. J’appelle les pouvoirs publics à ne pas donner suite à cette idée vraiment coûteuse et s’orienter plutôt vers une stratégie globale et ambitieuse de réduction de l’usage des emballages en plastique - en particulier ceux qui ne se recyclent pas.


[1] La consigne pour recyclage est bien différente de la consigne pour réemploi, les bouteilles plastiques ne sont pas destinées à être réutilisées.
[2] Tout ou partie de la redevance ou taxe variant en fonction de la quantité de déchets mis à la poubelle.

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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