BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Stocks de médicaments

Il est urgent de publier le décret !

Mais où est donc passé le décret stock de médicaments ? Trois mois après la publication de son étude sur les pénuries de médicaments, l’UFC-Que Choisir attend, attend… mais ne voit rien venir ! Alors que le risque est grand que le décret stock tombe tout simplement aux oubliettes, j’appelle le gouvernement à se ressaisir : la mesure doit être mise en œuvre sans plus attendre.

En matière de stocks de médicaments, l’horizon semblait s’être dégagé : en 2019, Edouard Philippe avait annoncé des mesures ambitieuses pour lutter contre les pénuries récurrentes. Cette volonté avait été suivie par les parlementaires en décembre 2019, dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2020), et un décret devait rapidement être publié. Pourtant, en 2021, celui-ci semble bien avoir été repoussé aux calendes grecques.

Ce retard est intolérable, tant l’enjeu est grand : en 2020, 2400 médicaments ont été touchés par des pénuries. C’est deux fois plus qu’en 2019 (1200) et six fois plus qu’en 2015 (391). Notre étude a relevé les conséquences inacceptables de ces pénuries pour les usagers : alternatives thérapeutiques moins adaptées, difficultés d’adaptation à la nouvelle posologie et, dans 18 % des cas, une absence totale de solution !

Le décret tant attendu était pourtant loin d’être ambitieux : seulement deux petits mois de stocks quand l’UFC-Que Choisir, ainsi que des associations de patients, appelaient à la constitution de stocks d’au moins quatre mois pour tous les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. Une exigence raisonnable pour assurer l’accès de tous aux traitements, quand on sait que les pénuries durent en moyenne 14 semaines.

Mais alors, qu’est-il donc arrivé à ce texte ? La pression des industriels est énorme : adeptes de la production en flux tendu, et à la recherche permanente du moindre coût, ils se battent ardemment contre la constitution de stocks, au niveau national comme européen. Aujourd’hui bloqué à Bruxelles (dont l’avis est nécessaire, en raison des règles du Marché unique), le sort du décret ne suscite que peu d’attention du gouvernement français, qui se montre peu enclin à le défendre. Les arguments en faveur de la mesure sont pourtant solides : les stocks français ont vocation à être « roulants », n’entraînant donc pas de hausse de la consommation ni de sur-stockage, et d’autres pays européens en constituent déjà (Finlande et Pays-Bas).

Alors que la pandémie a mis en évidence la fragilité du système de santé français, je demande au gouvernement d’enfin mettre en œuvre cette mesure prévue par la loi. Les usagers ne doivent pas faire plus longtemps les frais de tergiversations politiques et des complaisances du gouvernement à l’égard de l’industrie pharmaceutique !

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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