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Aides auditives

Les audioprothésistes haussent le ton

En attaquant en justice un pharmacien pour exercice illégal de la profession d’audioprothésiste, le Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf) vient de franchir un nouveau pas dans la guerre qui l’oppose à Sonalto, l’entreprise qui commercialise un assistant d’écoute en vente libre dans les officines.

Décidément, l’assistant d’écoute Octave, proposé par la société Sonalto, n’en finit pas de faire polémique. Depuis son lancement sur le marché il y a deux ans, cette oreillette numérique subit les foudres des audioprothésistes.  Elle ne prétend pourtant corriger que les presbyacousies légères ou débutantes liées au vieillissement naturel de l’oreille. Mais de fait, sa mise en vente libre dans les pharmacies, pour moins de 300 €, ouvre une première brèche dans le monopole des audioprothésistes. Insupportable pour l’Unsaf, leur syndicat ! Après avoir attaqué Sonalto en justice pour délivrance d’audioprothèses sans prescription médicale, le Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf) vient de porter plainte contre un pharmacien de Saint-Germain-en-Laye (78) pour exercice illégal de la profession d’audioprothésiste. Une manœuvre d’intimidation à l’intention des pharmaciens qui s’ajoute aux nombreux courriers qui leur sont adressés depuis des mois par ce même syndicat, prétendant que la distribution de Sonalto est illégale. Aujourd’hui, les deux procédures suivent leur cours, mais la récente prise de position de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) sur les assistants d’écoute apporte de l’eau au moulin de l’Unsaf.

Selon l’ANSM, ces appareils doivent être considérés comme des dispositifs médicaux s’ils revendiquent une finalité médicale sur leur notice d’utilisation ou leurs outils de promotion,  nécessitant par conséquent le marquage CE de conformité. « En France, leur délivrance est réglementée (intervention d’un audioprothésiste diplômé exerçant dans un local agréé) », note l’ANSM. Mais pour s’affranchir de ces contraintes, il suffit de présenter ces appareils comme de simples amplificateurs de son et il est alors possible de les vendre partout dans la grande distribution. Une belle hypocrisie dont il y a fort à parier que les utilisateurs de ces assistants d’écoute ne seront pas dupes. À moins que l’Unsaf finisse par arriver à ses fins et que Sonalto jette l’éponge ! Ce qui serait une très mauvaise nouvelle pour les utilisateurs de ces amplificateurs numériques, considérés par beaucoup comme l’équivalent de la lunette loupe pour l’œil.

De l’avis de certains ORL, la prise en charge des presbyacousies débutantes devrait être traitée différemment des pathologies lourdes afin de lever les freins psychologiques qui retardent souvent de plusieurs années l’achat d’un équipement. Un assistant d’écoute peut être un premier pas dans l’acceptation d’une aide auditive, même si ce n’est pas la solution miracle. Et que la profession le veuille ou non, le monde des aides auditives est en train de changer. Avec l’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs, comme Afflelou, bien décidés à casser les prix, ou encore, sur le plan technologique, l’introduction dans les smartphones de logiciels qui analysent et compensent les déficiences auditives. À force de s’arcbouter sur la défense de leurs intérêts corporatistes, les audioprothésistes risquent bien de rater le train du progrès.

Florence Humbert

Florence Humbert

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