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Briquets

Pleins feux sur les Pays-Bas

Malgré les strictes normes de sécurité en vigueur depuis 2008, des millions de briquets chinois potentiellement dangereux continuent d’être commercialisés dans l’Union européenne. Outre les dangers que cela représente pour les consommateurs, cette situation est aussi source de concurrence déloyale pour les industriels respectueux des règles du jeu. Bic, l’un des géants du secteur, vient ainsi de déposer une plainte devant la Commission de Bruxelles à l’encontre des Pays-Bas. En cause, le laxisme de leurs autorités dans le contrôle des cargaisons non conformes qui entrent dans l’Union via le port de Rotterdam.

D’après des chiffres en possession de la Commission européenne, 76 % des briquets importés dans l’Union et ayant fait l’objet de tests seraient toujours non conformes aux normes de sécurité obligatoires depuis 2008. Un dispositif qui visait à débarrasser le marché des produits potentiellement dangereux à l’origine de nombreux drames, souvent provoqués par des enfants. En 2006, Bruxelles estimait ainsi que ces accidents tuaient chaque année en Europe 40 personnes et en blessaient 1 900 autres.

Solidité, hauteur de la flamme, remplissage… autant de point soumis à de strictes exigences qui sont donc encore loin d’être respectées. En cause, des produits importés de Chine commercialisés sur le territoire de l’Union et qui y entrent via le port de Rotterdam, aux Pays-Bas. Un État visé dans une plainte que Bic, l’un des géants du secteur, a récemment déposée devant la Commission pour manquements répétés à ses obligations en matière de sécurité.

L’industriel reproche aux Pays-Bas leur trop grand laxisme. « La phase de collaboration que nous avions entamée avec leurs autorités de contrôle s’est rompue sans raison il y a quelques semaines. Les Néerlandais reconnaissent pourtant que le marché est sale, voire très sale : ils nous l’ont affirmé à plusieurs reprises. Pour autant, ils laissent faire », déplore François Clément-Grandcourt, directeur-adjoint de la division briquet chez Bic.

Rotterdam n’est pas la seule porte d’entrée de ces briquets non conformes. « Tout n’est pas rose, non plus, du côté du port de Hambourg, en Allemagne. Mais, au moins, nous continuons de dialoguer avec les autorités locales », reconnaît François Clément-Grandcourt. L’une des raisons qui expliquent pourquoi Bic n’a pas impliqué l’État allemand dans sa procédure. Action qui est d’abord motivée par la concurrence déloyale que cette invasion de briquets dangereux à bas prix cause aux industriels respectueux des règles du jeu.

Des mois d’enquête

N’empêche : l’initiative de Bic vient illustrer les différences dans le niveau des contrôles pouvant exister au sein de l’Union européenne. Un point capital pour la protection des consommateurs dans un espace où la libre circulation des marchandises est la règle (l’autorisation délivrée par l’État d’entrée vaut pour tous les autres). Contrairement aux Pays-Bas, l’Espagne et la Grèce seraient ainsi particulièrement actives devant les cargaisons de briquets non conformes qui déferlent sur l’Europe. Et la France ? « Même si on y trouve également beaucoup de ces produits, elle ne reste pas les bras croisés », juge François Clément-Grandcourt. Les services de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) seraient en train d’inspecter le secteur après une première enquête qui remonte à plusieurs mois.

La plainte de Bic doit maintenant être examinée par la Commission de Bruxelles. Si elle la juge recevable, elle demandera des comptes aux autorités néerlandaises. La suite dépendra des réponses apportées, avec, en point de mire, une saisine possible des juridictions européennes. Une menace toutefois plus théorique que réelle.

Arnaud de Blauwe

Arnaud de Blauwe

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