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Carburants

Une baisse des prix encore artificielle

Alors que les carburants ne cessaient de se renchérir depuis le début de la guerre en Ukraine, les prix ont soudainement chuté en France au 1er septembre. Ceci grâce à l’entrée en vigueur d’une nouvelle baisse de taxes, mais aussi en raison d’un ralentissement global de l’économie. Les perspectives à long terme demeurent préoccupantes.

D’un coup d’un seul, les prix à la pompe sont tombés : de 1,94 € le litre de gazole en moyenne en France fin août 2022, le tarif est passé à 1,72 € le litre, en attendant les chiffres officiels. Les Français s’en sont d’ailleurs aperçus : dès la matinée du 1er septembre, de longues queues se formaient devant certaines stations-services.

Le gouvernement avait en effet anticipé la rentrée. Le 23 août dernier était publié un décret annonçant que « le montant de l’aide hors taxes est majoré à 25 cts/l pour les gazoles et essences […] jusqu’au 31 octobre 2022 ». Ce qui signifie, toutes taxes comprises, que le gouvernement a choisi de doubler la mise par rapport au dispositif initial : la diminution de taxes atteint désormais 30 centimes d’euro par litre, contre 18 centimes depuis le 1er avril. Cette baisse est d’autant plus perceptible chez Total car le pétrolier, cible de toutes les critiques en raison de ses profits faramineux, a fait le choix d’accorder une baisse de 20 centimes au litre sur tous ses produits. Ainsi, la ristourne par litre de carburant peut en ce moment atteindre 50 centimes d’euro !

Les prix des différents carburants profitent aussi d’une relative accalmie sur leurs marchés d’échange. Pour l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opec), « une baisse de la demande de produits aux États-Unis et une augmentation des taux de traitement dans les raffineries d’Europe et d’Asie ont entraîné la constitution de stocks, ce qui a permis de remédier en partie à la pénurie observée ces derniers mois ». La demande n’excédant plus l’offre, les prix ont « reculé par rapport aux records atteints en juin », observe encore l’Opec. À l’image des États-Unis, la consommation d’essence a aussi eu tendance à se tasser en France ces derniers temps. L’Union française des industries pétrolières (Ufip) a ainsi relevé en juillet dernier une baisse des livraisons de sans-plomb « pour la première fois depuis le début de l’année » tandis que la contraction de la demande sur le gazole a atteint 8,2 % par rapport à juillet 2021.

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Reste que cette situation demeure sans doute une accalmie, et non un retour à la normale. Dès le 1er novembre 2022, le coup de pouce étatique par litre passera de 30 centimes à 10 centimes d’euro. Rien n’est prévu au-delà du 31 décembre, pour l’instant. Total continuera aussi à aider ses clients jusqu’à la fin de l’année civile, mais quid de 2023 ? Car il est un détail à ne surtout pas oublier : la Russie fait en ce moment l’objet de sanctions économiques. À compter de décembre prochain, les pays membres de l’Union européenne n’y achèteront plus de pétrole brut. Et dès le 5 février 2023, plus aucun achat de produit raffiné venant de Moscou ‒ notamment de gazole ‒ ne sera admis en Europe. Or, la Russie demeure à ce jour le 2e fournisseur de pétrole en Europe !

Arnaud Murati

Arnaud Murati

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