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Chauffage urbainUn potentiel sous-exploité

« Une contribution efficace à la transition énergétique mais insuffisamment exploitée », c’est le constat que dresse la Cour des comptes dans son nouveau rapport consacré au chauffage urbain.

Le constat est objectif, la France a décidé de multiplier par 5 la quantité de chaleur et de froid renouvelable entre 2012 et 2030, mais la trajectoire actuelle reste insuffisante pour atteindre l’objectif fixé. Les magistrats de la rue Cambon recommandent « d’augmenter la proportion d’énergie renouvelable dans les réseaux existants et de développer de nouveaux réseaux ».

Cependant des obstacles persistent au développement du chauffage urbain, appelé aussi réseau de chaleur. En raison du poids des investissements, « la majorité des réseaux de chaleur publics (82 % du total) sont exploités sous la forme d’une délégation de service public par des collectivités territoriales ». Or la Cour relève des contrôles des collectivités délégantes parfois lacunaires. Si le Grand Nancy a obtenu une baisse de 20 % du prix de la chaleur en 2016, trop de collectivités se reposent sur leur délégataire. La Cour note par exemple qu’Engie facture à sa filiale Plaine commune énergie des frais de siège et d’assistance extérieure en augmentation constante que le contrat de délégation n’a pas prévu de justifier.

Nombreux obstacles

De plus, les copropriétaires du parc privé ne se précipitent pas, le chauffage urbain n’étant pas compétitif face au gaz. Il l’est d’autant moins que le coût élevé de l’investissement est à la charge des abonnés et que cette part fixe représente jusqu’à 70 % de la facture, et 50 % en moyenne, selon la Cour des comptes. En ajoutant à cela l’absence de concurrence et le manque de transparence sur les prix, on comprend que les propriétaires ne se précipitent pas sur le chauffage urbain !

Cette réticence, ajoutée à des surdimensionnements parfois, entraîne d’ailleurs des surcapacités de réseaux, ce qui augmente encore le coût de ce mode de chauffage pour les ménages qui y sont raccordés.

« En l’absence d’un signal prix du carbone clair permettant de valoriser les atouts environnementaux des réseaux de chauffage urbain, le développement de ceux-ci à hauteur des ambitions nationales impliquerait un fort accroissement du soutien financier et technique de l’État », conclut le rapport.​​​​

Le chauffage urbain, c’est quoi ?

Les collectivités locales peuvent créer un réseau public de chaleur. Alimenté par une unité de production centralisée, il assure le chauffage collectif sur une partie de leur territoire. Historiquement, la production de chaleur était assurée par les énergies fossiles, surtout le fioul et le charbon. Depuis des années, l’Agence de l’environnement (Ademe) gère un fonds de soutien pour inciter les réseaux de chauffage urbain à passer aux énergies renouvelables et de récupération, principalement la biomasse bois, la géothermie profonde et la chaleur fatale des incinérateurs ou de sites industriels. Quand cette part d’énergie renouvelable dépasse 50 %, la TVA tombe à 5,5 %.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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