Élisabeth Chesnais
Le biofioul, une solution pour échapper à l’interdiction ?
Les installateurs vantent l’arrivée prochaine du biofioul, qui pourrait alimenter les chaudières et de fait échapper à l’interdiction des chaudières au fioul puisqu’il émet moins de gaz à effet de serre. A priori, il suffirait de changer leur brûleur pour que les chaudières actuellement en service puissent fonctionner avec ce nouveau combustible. Le lobbying de la filière du fioul en sa faveur bat son plein et c’est bien compréhensible.
Mais le biofioul se compose de 30 % d’ester de colza, autrement dit d’agrocarburant. Or cette culture est déjà très sollicitée. D’abord pour l’huile alimentaire de colza, appréciée pour ses teneurs en oméga 3. Ensuite pour l’alimentation animale, afin de réduire l’importation massive de tourteaux de soja en les remplaçant par des tourteaux de colza. Enfin pour les carburants, avec le biodiesel.
Rajouter un quatrième débouché créerait de fortes tensions. En 2019 il a déjà fallu importer la moitié du colza destiné au biodiesel et en 2020, la récolte a chuté de 32 % par rapport à la moyenne des années 2015 à 2019, indique le site Agreste du ministère de l’Agriculture.
De plus, et peut-être surtout, le ministère de la Transition écologique y est défavorable et précise que « la quantité de biocarburants produits sur des terres agricoles est limitée au niveau européen, et le gisement français déjà utilisé ».
Si rien n’est encore définitivement tranché, l’avenir du biofioul qui doit être lancé en 2022 s’annonce pour le moins incertain.