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Cigarette électronique (infographie)

Vous et la cigarette électronique

Depuis quelques années, la cigarette électronique s’est imposée dans les rues, les maisons ou les terrasses des restaurants. Après nos premières analyses, qui datent de 2013, nous avons voulu demander à nos lecteurs, utilisateurs ou non de cigarette électronique, ce qu’ils pensaient de ce nouveau produit. Ils ont été près de 4 000 à nous répondre.

Les utilisateurs de cigarette électronique

Sans surprise, ceux qui ont répondu à notre questionnaire sont aux deux tiers des vapoteurs. Ils sont adeptes, et pour 80 % d’entre eux, avec une bonne connaissance du produit puisque cela fait plus d’un an qu’ils l’utilisent. En creux, la faible représentation des récents convertis dans notre échantillon peut aussi refléter un fléchissement du « recrutement », la France étant le seul pays où une tendance à la baisse est observée.

Fait remarquable, 82 % des utilisateurs de cigarette électronique de notre enquête ne fument plus du tout de cigarettes, et l’arrêt a été facile dans la très grande majorité des cas. Voilà qui tranche avec toutes les autres méthodes, qui demandent abnégation et volonté de fer. Que cet arrêt soit définitif ou passager, c’est toujours ça de gagné sur le tabac, dont les effets sur la santé sont dévastateurs. Parmi les 20 % qui s’accordent de temps en temps une cigarette, la consommation a reculé.

L’utilisation de la cigarette électronique se fonde sur trois motivations principales : l’envie d’arrêter de fumer, le souhait de ne plus gêner son entourage avec la fumée de cigarette et, enfin, les économies espérées. Cette réponse est la plus citée, et d’ailleurs, dans tous les pays étudiés, plus le tabac est cher, plus le nombre de vapoteurs est élevé. Cela confirme que la hausse du prix est un des freins les plus efficaces au tabac, ce qu’ont compris de longue date les pays anglo-saxons. Attention toutefois, même si elle coûte nettement moins cher que les paquets de cigarettes, la cigarette électronique n’en représente pas moins un budget, parfois conséquent. Il faut d’abord s’équiper, trouver le dispositif qui convient le mieux et procure les meilleures sensations, puis se fournir régulièrement en liquide. Plus d’un utilisateur sur 8 consacre à son équipement et à l’achat de liquide plus de 100 € par mois. Les plus dépensiers se trouvent chez les plus jeunes, les 65 ans et plus étant les plus économes.

Côté liquides, notons que les vapoteurs ont tous ou presque diminué leur dosage en nicotine par rapport à leur utilisation du début, pour aboutir à un dosage inférieur à 10 mg/ml, alors même que la consommation de liquide est jugée stable dans le temps dans les deux tiers des cas.

Zoom sur les anciens utilisateurs

10 % des personnes qui ont répondu à notre questionnaire se disent anciens adeptes de la cigarette électronique. Fait intéressant, 40 % ne l’utilisent plus parce qu’ils ont arrêté et cigarette de tabac, et cigarette électronique : il s’agit donc d’un sevrage total ! Reste à savoir depuis combien de temps, et surtout, s’il tiendra la distance.

Pour contrebalancer cette bonne nouvelle, notons que 40 % ont abandonné la cigarette électronique… pour retourner à une consommation exclusive de tabac. Parmi les raisons citées : l’effet procuré qui n’était pas à la hauteur, ainsi que les contraintes d’utilisation de la cigarette électronique. Son usage nécessite en effet de se fournir régulièrement en liquide, de penser à recharger en temps et en heure l’e-cig (il vaut mieux d’ailleurs en avoir deux), et de pouvoir alimenter le dispositif à tout moment, ce qui ne va pas toujours de soi au travail ou en déplacement par exemple.

L’avis des non-utilisateurs

Un quart de ceux qui ont répondu à notre enquête ne pratiquent pas la cigarette électronique. Pour plus de la moitié, le message de la moindre dangerosité de l’e-cigarette par rapport à la cigarette classique est passé, mais un tiers persiste à renvoyer les deux dos à dos.

Il est vrai que les effets à long terme de la cigarette électronique ne sont pas connus, puisqu’il s’agit d’un dispositif récent, qui n’a pas fait l’objet d’études épidémiologiques solides. Qu’en est-il de son impact sur la santé, notamment quand elle est utilisée pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, comme un substitut à la cigarette ? Nul ne le sait encore. Mais il ne fait désormais plus aucun doute qu’elle dégage beaucoup moins de composés nocifs que la combustion du tabac, et que ses conséquences sur la santé du fumeur sont beaucoup moins délétères que celles, terribles, de la cigarette normale. Au point que les Britanniques, dont la politique antitabac volontariste porte ses fruits, ont intégré la cigarette électronique à l’arsenal du sevrage tabagique.

Logiquement, ces doutes nourrissent une certaine méfiance. Une large majorité des non-utilisateurs sont satisfaits que la cigarette électronique ne soit pas tolérée dans les lieux publics. D’ailleurs, c’est dans les mêmes proportions qu’ils se disent gênés par la vapeur dégagée par la cigarette électronique, surtout dans les lieux confinés. Que cette gêne relève du fantasme ou de la réalité, le sentiment est là. Même si le bannissement des lieux publics contribue peut-être, et injustement, à mettre sur le même plan cigarette électronique et tabac, il est donc plutôt bien vu.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

Romain Grégoire

Romain Grégoire

Observatoire de la consommation

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