Élisa Oudin
Premiers signes d’assouplissement
Alors que la hausse des taux d’intérêt commence à marquer le pas, plusieurs mesures préparées par Bercy doivent permettre le financement des dossiers « limites », notamment de ceux ayant fait l’objet de refus ces derniers mois. Les emprunteurs concernés pourront redéposer une nouvelle demande en début d’année.
Les nouveaux candidats ainsi que ceux dont le crédit immobilier a été refusé ces derniers mois ont plus de chances aujourd’hui de décrocher une offre. Plusieurs phénomènes parallèles se cumulent en effet pour permettre de passer plus aisément sous la fameuse barre du taux d’endettement maximal, actuellement située à 35 %.
Pour commencer, les taux d’intérêt commencent à se stabiliser, voir à légèrement refluer. C’est ce que note Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer : « En décembre, la stabilisation des taux de crédit qui semblait se dessiner en novembre se confirme avec la plupart des barèmes reçus et même en une baisse pour certains ! Un mois sans aucune hausse de taux, c’est du jamais vu depuis l’été 2021 ! » Les taux moyens tournent aujourd’hui autour de 4 % sur 15 ans, 4,2 % sur 20 ans et 4,50 % sur 25 ans.
Autre évolution positive : un certain nombre de grandes banques semblent souhaiter revenir sur le marché après en être sorties en raison de la trop forte accélération des taux ces deux dernières années. « Parmi les barèmes reçus, aucun ne fait apparaître une hausse des taux, la plupart font état d’une baisse de 0,10 à 0,20 point. Une banque nationale, de retour sur le marché depuis septembre, qui avait baissé ses taux de 0,20 point en novembre, les a encore abaissés de 0,10 point », explique Sandrine Allonier.
Ces premiers signes de stabilisation s’accompagnent de plusieurs mesures de l’État qui permettent d’assouplir, à la marge, l’octroi de crédit. Le haut conseil à la stabilité financière (HCSF) a en effet confirmé lundi 4 novembre trois annonces faites par Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie et des Finances, pendant le week-end.
Allongement de la durée d’emprunt
Première décision, les banques pourront prêter au-delà de la durée maximale d’emprunt de 25 ans, pour aller jusqu’à 27 ans, en cas de travaux et si ces derniers représentent au moins 10 % du montant total de l’opération. La mesure permettra d’alléger un peu les mensualités en rallongeant la durée du crédit. Inconvénient, le coût du crédit sera augmenté puisque les intérêts continueront à courir deux années supplémentaires.
Le second point ne concerne pas les primo-accédants mais ceux qui revendent pour acheter. Il est dans ce cas désormais possible de calculer le taux d’endettement maximal sans y inclure les intérêts des prêts relais. Une limite cependant : le montant du prêt relais ne doit pas dépasser 80 % de la valeur du bien vendu.
Seconde chance à venir
La troisième mesure entend donner un peu plus de latitude aux établissements financiers pour accepter des dossiers dérogeant aux règles d’octroi, mais solvables. Les banques ne peuvent accepter plus de 20 % de prêts ne respectant pas les critères d’octroi. Cette limite auparavant appréciable mois par mois pourra désormais être étudiée sur 3 mois, ce qui laisse plus de souplesse aux établissements. En pratique, il sera cependant difficile pour les particuliers de savoir si la mesure jouera ou non pour leur cas.
Bercy et les banques se sont par ailleurs mis d’accord pour mettre en place une cession de réexamen des dossiers refusés de justesse, au vu des nouveaux critères d’octroi. Cette cession, ouverte aux emprunteurs qui en feront la demande, devrait vraisemblablement se dérouler courant février 2024. Avis aux candidats…