ACTUALITÉ
Dépistage du cancer du sein

Quand l’Institut national du cancer dérape

L’Institut national du cancer (INCa) passe un cap dans la désinformation sur le cancer du sein. Sur son site, la controverse sur l’utilité du dépistage à partir de 50 ans est classée comme une infox. Scandaleux.

En ces temps où la santé publique est au cœur des préoccupations, communiquer sur la base de données scientifiques validées, c’est capital. Cela permet de faire le tri entre les fake news ou infox, en français, qui pullulent sur les réseaux sociaux, et les informations fiables. Dans cette optique, l’initiative de l’Institut national du cancer (INCa) d’inaugurer une rubrique « L’info derrière l’infox » sur son site Internet est plutôt une bonne idée. Malheureusement, l’honnêteté n’y semble pas être la priorité. Car sous l’onglet « Le dépistage du cancer du sein est-il inutile, voire néfaste ? », la réponse, tranchée, se situe bien loin des faits et des conclusions des études disponibles. L’INCa affirme sans détours que « ses bénéfices sont indéniables pour les femmes ». Or c’est faux, il n’y a pas de consensus sur le sujet. Il existe au contraire une controverse scientifique internationale sur l’intérêt réel du dépistage tel qu’il se pratique en France, c’est-à-dire tous les 2 ans chez les femmes de plus de 50 ans.

Les bénéfices en termes de mortalité sont faibles : sur 1 000 femmes dépistées pendant 10 ans, 1 décès par cancer du sein est évité par rapport aux femmes non dépistées, et toutes causes confondues (cancer ou non), le nombre de décès est le même chez les femmes dépistées que chez celles qui ne le sont pas. Par contre, les femmes qui passent par la case dépistage subissent pour certaines des examens complémentaires invasifs (biopsies, notamment) qui peuvent se révéler inutiles. Pire, elles se voient parfois diagnostiquer des lésions cancéreuses qui, sans dépistage, n’auraient pas fait parler d’elles, et qui entraînent des périodes de traitements lourds et stressants qui auraient pu être évités.

L’intérêt du dépistage systématique n’est donc pas démontré, et les études les plus récentes prouvent que s’il existe, il est faible. Autant d’informations qui vaudraient d’être adressées aux femmes concernées, afin qu’elles fassent le choix qui leur convienne le mieux, ainsi que le demande l’UFC-Que Choisir depuis 2012. Pour cela, mieux vaut ne pas compter sur l’INCa… Qui, à vrai dire, n’en est pas à son coup d’essai. Les documents d’information que l’institution met à la disposition des femmes sont non seulement datés et pas mis à jour, mais très orientés en faveur du dépistage. Pour l’information loyale et nuancée, on repassera.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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