ACTUALITÉ
Déserts médicaux

La Sarthe se mobilise

Une enquête réalisée par l’UFC-Que Choisir de la Sarthe montre que 9 médecins sur 10 ne prennent plus de nouveaux patients.

Dans la Sarthe, 9 généralistes sur 10 refusent les nouveaux patients. Ce chiffre qui en dit long sur l’état lamentable de l’accès aux soins dans ce département des Pays de la Loire est le résultat d’une enquête de l’association locale de l’UFC-Que Choisir, réalisée par téléphone auprès de 68 médecins. 64 dentistes ont également été appelés, avec aussi peu de succès. À la simple question « je viens d’arriver, j’aimerais avoir un rendez-vous », les bénévoles se sont entendu répondre « non » dans la quasi-totalité des cas. Ils s’attendaient à des délais de rendez-vous à rallonge, c’est carrément un refus qui leur a été opposé ! « Quand on ne se heurtait pas à un répondeur demandant de ne pas insister, ou dirigeant directement vers les urgences ! », raconte Georges Derelle, qui s’est mobilisé pour l’enquête.

Inquiétude également pour les urgences

Ce jeudi 7 avril, journée mondiale de la santé, il est aussi des manifestants qui, à l’appel de l’UFC-Que Choisir, sont venus faire la queue devant l’Agence régionale de santé (ARS) du Mans, pour former une file d’attente symbolique. 200 personnes ont répondu présentes, malgré la météo incertaine. Coup de bol, la pluie s’est arrêtée le temps du rassemblement. Elle reprendra de plus belle une heure après. De nombreux membres de l’association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) ont également tenu à marquer leur mécontentement et sont venus fournir les rangs, armés de pancartes et ballons rouges. Comme Jacques Villeneuves, qui vit à Vibraye, au nord de la Sarthe : « Quand je suis arrivé il y a quatre ans, impossible de trouver un médecin ! C’est celui de ma compagne qui a accepté de me suivre. Mais il a pris sa retraite… Heureusement, face à la situation catastrophique, il a accepté de reprendre du service, en partageant la charge avec un confrère. Mais d’ici à 3 ans, dans le secteur Montmirail-Vibraye, il ne restera qu’un seul médecin. » La situation ne date pas d’hier, et c’est bien ce qui scandalise les manifestants réunis devant les grilles de la cité administrative : « Voilà 20 ans que la catastrophe est annoncée, assène Pascale Besnard, bénévole de l’UFC. La courbe démographique des professionnels de santé est connue de longue date, la situation est quasiment préméditée ! Et nous ne sommes pas encore arrivés au plus bas… » Si la pénurie de médecins libéraux est le motif officiel de la mobilisation, une inquiétude revient constamment : les urgences des hôpitaux locaux. Seules celles du Mans parviennent à rester constamment ouvertes. Faute de personnel, les services d’urgence d’autres hôpitaux sont régulièrement contraints de fermer leurs portes. Même si c’est temporaire, la tendance n’augure rien de bon pour l’avenir.

La veille du rassemblement, une délégation avait été reçue à l’ARS pour faire état des résultats de l’enquête de l’UFC de la Sarthe, et entendre la réponse des pouvoirs publics. Sans surprise, ils n’ont pu que faire état de leur impuissance. « Les services de l’État n’ont aucune prise sur la situation », regrette Jean-Yves Hervez, pour l’UFC.

Lors de la manifestation du 7 avril.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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