Elsa Casalegno
Étiquetage des alimentsIntermarché mesure l’origine France
Une petite jauge va faire son apparition au premier semestre 2020 sur les emballages de deux marques d’Intermarché, les produits laitiers Pâturages et les charcuteries Monique Ranou. Baptisé Franco-Score, ce logo indiquera le pourcentage des matières premières produites en France que contient le produit.
Le Franco-Score, dont le nom évoque celui du Nutri-Score, répond à la même demande de transparence des consommateurs, sur la qualité nutritionnelle pour l’un et sur l’origine des produits agricoles pour l’autre. Il prendra l’aspect d’une jauge graduée en pourcentage apposée sur l’emballage, associé à une carte de France localisant le lieu de fabrication et, le cas échéant, des labels et autres indications dont bénéficie le produit. « Il apporte un éclairage concret sur la provenance géographique des produits bruts utilisés, ainsi que sur le lieu de leur transformation », explique l’enseigne. Par cette démarche de « transparence », elle affirme vouloir répondre aux souhaits des consommateurs d’une origine locale des produits et d’un prix de vente soutenable pour les producteurs.
Comparer les produits
Intermarché le reconnaît, cette initiative ne plaît pas à tout le monde. « Nos premiers échanges avec les fournisseurs montrent que les réactions sont variables. Certains partagent notre volonté, d’autres sont plus réfractaires. […] Il est vrai qu’un référentiel unique permet la comparaison de tous les produits, quels qu’ils soient. Et cette transparence peut embarrasser, ou faire peur à certains. »
C’est aussi un pari risqué pour certains produits de l’enseigne : les produits présentant un Franco-Score bas pourraient, par comparaison avec les mieux notés, susciter la méfiance des consommateurs. Il faudra alors faire œuvre de pédagogie, en expliquant que pour certaines productions, la France n’est pas autosuffisante, les transformateurs ou les distributeurs sont donc contraints d’importer. Ils achètent aussi selon les cours des différentes origines. Pour ne pas modifier le calcul du Franco-Score en fonction de chaque livraison de matière première, « l’évaluation se basera sur l’origine la plus défavorable ». Ainsi, pour le yaourt chèvre abricot de marque Pâturages, l’enseigne indique que suite à des « difficultés à trouver des approvisionnements suffisants, le lait de chèvre qui pèse 71 % de la recette provient de France, de Belgique et d’Espagne en fonction des périodes. Pour ne pas tromper le consommateur, nous considérons l’ingrédient comme non français ». Quant à la gamme de charcuterie bio Monique Ranou, elle est « aujourd’hui proche de 0 % d’ingrédients français pour des questions de difficultés d’approvisionnement en porcs bio sur le marché français ».
Un dispositif en open source
Pour preuve de sa bonne volonté, l’enseigne a annoncé mettre son indicateur en open source, offrant la possibilité à ses fournisseurs et à ses concurrents de s’en emparer également. Elle l’explique par « l’urgence de la situation des agriculteurs ». C’est un moyen, aussi, d’éviter la prolifération d’indicateurs concurrents qui brouilleraient la lisibilité de la démarche.
E. Leclerc affiche aussi ses origines
E. Leclerc n’aura pas laissé Intermarché prendre l’initiative bien longtemps : son mouvement « s’engage » à indiquer « l’origine géographique précise des principaux ingrédients » de ses marques de distributeurs alimentaires (Marque Repère, Nos régions ont du talent, Eco+, L’origine du goût et Tradizioni d’Italia), soit près de 8 000 références.
Les vagues mentions « Origine UE » ou « Hors UE » devraient donc céder la place au nom du pays où l’ingrédient a été produit, à partir de janvier 2020, précise un communiqué daté du 27 novembre. Néanmoins, ce communiqué ne précise pas jusqu’à quel pourcentage de la composition du produit un ingrédient sera ainsi « géolocalisé » : 1 % ? 5 % ? 20 % ?