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Le Kindle, le Kobo et le Cybook Odyssey en vidéo

Des eBooks nourris au DRM

En lançant un nouveau Kindle à 99 €, Amazon a réveillé les libraires en ligne. La Fnac riposte avec le Kobo et Virgin avec le Cybook Odyssey, tous deux vendus 129 €. Nos premières impressions sont bonnes : techniquement au point, ces trois eBooks se valent. Mais leur utilisation peut virer au casse-tête si on achète ses livres ailleurs que dans la boutique du libraire.

Le livre électronique existe depuis une bonne dizaine d’années, mais son succès est beaucoup plus récent. Il trouve sa source de l’autre côté de l’Atlantique, chez Amazon. En élaborant un modèle de vente bien ficelé, le libraire américain a réussi à écouler des millions de Kindle. Le principe ? Vendre des eBooks connectés en wi-fi à son site de vente en ligne d’ouvrages numérisés. En liant le contenant au contenu, Amazon s’assurait ainsi des revenus au long cours. Mieux, le libraire balayait d’un coup la problématique du piratage et du respect des droits d’auteur, en imposant un format de fichier propriétaire. Il levait au passage les réticences des éditeurs qui, refroidis par les mésaventures de l’industrie musicale, hésitaient à franchir le pas de la dématérialisation. Un coup de maître.

Après un premier Kindle lancé en octobre 2009, Amazon revient sur le marché avec un nouveau modèle, plus petit et moins cher (99 € contre 195 €). Cette fois, le libraire a pris la peine de traduire les menus de la liseuse de l’anglais au français, et d’ouvrir une version française de sa librairie en ligne. Il propose environ 45 000 livres (965 000 toutes langues confondues). Le Kobo et le Cybook Odyssey fonctionnent sur le même schéma, le premier donnant un accès direct à Fnac.com (200 000 ouvrages en français, 2 millions au total), le second à Virginmega.fr (85 000 en français, 65 000 en anglais).

Des fichiers verrouillés

Côté utilisateur, on apprécie la facilité extrême du système. En quelques clics, on accède à des milliers de livres, où que l’on soit (à condition bien sûr de disposer d’un réseau wi-fi). Mais cette simplicité ne va pas sans quelques contraintes. D’abord, acheter en un clic suppose qu’on a créé un compte utilisateur, bien sûr, mais aussi qu’on y a renseigné son numéro de carte bancaire. Ensuite, il faut savoir que les livres achetés en ligne sont protégés par des DRM (Digital Rights Management), pour respecter les droits d’auteur. Amazon « verrouille » lui-même les fichiers avec son format propriétaire (.azw), Fnac et Virgin vendent quant à eux des fichiers verrouillés par un DRM « tiers », celui d’Adobe (.epub). Et comme il fallait s’y attendre, toutes les liseuses ne sont pas compatibles avec tous les formats. Concrètement, un fichier acheté sur Fnac.com ne peut pas être lu sur un Kindle. Pas plus qu’un livre acheté sur Amazon ne peut être lu sur le Cybook Odyssey.

Ces restrictions ne se limitent pas aux fichiers soumis au droit d’auteur. Parallèlement aux œuvres payantes, les libraires proposent des milliers d’œuvres à télécharger gratuitement. Il s’agit d’ouvrages tombés dans le domaine public. Ces fichiers sont le plus souvent proposés au format PDF ou bien ePub non protégé, lisible sur la grande majorité des liseuses commercialisées, dont le Kobo et le Cybook. Autrement dit, il est possible de télécharger un fichier gratuit sur Fnac.com et de le lire sur la liseuse de Virgin. Seul Amazon persiste avec son format propriétaire lisible uniquement sur Kindle. Le fichier n’est pas verrouillé, mais l’utilisateur… si.

Prix dans le tourbillon de la TVA

Depuis début novembre, les libraires ne peuvent plus fixer librement le prix des livres numériques. Comme les livres « papier », ils doivent désormais être vendus à un prix unique fixé par l’éditeur. Ce prix, précise la loi (1), s’applique à tous les revendeurs proposant des offres de livres numériques aux acheteurs situés en France. Google, Amazon ou Apple ne peuvent donc plus vendre les ouvrages moins chers que les détaillants français. C’est une bonne nouvelle pour eux, mais pour les consommateurs le constat n’a pas bougé : en version numérique, un livre est à peine moins cher que sa version papier. Pour le dernier Goncourt, L’Art français de la guerre, d’Alexis Jenni (Gallimard), comptez par exemple 16,80 € contre 19,95 €. Les éditeurs ne seraient pas en mesure de faire un effort plus grand. En cause ? Les taux de TVA différents pour chacun. Un livre, en tant que bien culturel, bénéficie d’un taux de TVA réduit à 5,5 %. Mais dans sa version numérique, la Commission européenne estime qu’il devient un service, donc taxé à 19,6 %.

La France s’apprête d’ailleurs à se mettre dans l’illégalité. La loi de finances 2011 prévoit en effet que, dès le 1er janvier 2012, le livre numérique pourra lui aussi bénéficier d’un taux de TVA réduit (rehaussé depuis à 7 %). Mais une telle décision ne peut être prise sans un accord unanime des 27 pays membres de l’Union européenne. Le Commission pourrait donc, dans la foulée, lancer une procédure à l’encontre de la France. Affaire à suivre.

(1) Loi n° 2011-590 du 26 mai 2011 relative au prix du livre numérique. Décret d’application (n° 2011-1499) publié au Journal officiel le 10 novembre 2011.

Camille Gruhier

Camille Gruhier

Chef de rubrique

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