Audrey Vaugrente
Des médicaments à éviter
Trois médicaments indiqués contre la nausée ou les vomissements sont à présent déconseillés (dompéridone, métoclopramide, métopimazine). Cela vaut particulièrement pour les enfants et les personnes âgées. En cause, les effets secondaires graves que peuvent occasionner ces traitements.
Contre les nausées et les vomissements, mieux vaut faire l’impasse sur les traitements médicamenteux. Les antiémétiques disponibles sont rarement recommandés, confirme un nouvel avis (1) de la Haute Autorité de santé (HAS). Elle y fait le point sur trois molécules souvent délivrées mais décriées en raison d’effets indésirables graves : la dompéridone (Motilium, Peridys, Oroperidys), le métoclopramide (Anausin, Primperan, Prokinyl) et la métopimazine (Vogalène, Vogalib). En 2016, elles étaient encore prescrites à des millions de personnes.
Ces médicaments sont à éviter en cas de gastro-entérite, sauf si les vomissements peuvent avoir, à court terme, des complications graves ou très gênantes, conclut l’agence sanitaire. Par ailleurs, ils ne sont pas destinés à traiter les symptômes provoqués par une anesthésie ou un traitement anticancéreux, pour lesquels d’autres traitements existent. Cette recommandation vaut particulièrement pour deux publics : les enfants et les personnes âgées.
La dompéridone (Motilium) et le métoclopramide (Primperan) ne doivent jamais être donnés à un enfant, tranche la HAS. La métopimazine (Vogalène) doit être évitée autant que possible. Chez la personne âgée, les choses sont plus simples. En raison des risques cardiaques et neurologiques, mieux vaut éviter ces trois médicaments, surtout en cas de maladie associée.
Une efficacité très relative
De fait, ces neuroleptiques aux effets antinauséeux et antiémétiques sont également responsables d’effets secondaires graves. Ils augmentent le risque d’arythmies ventriculaires graves (torsades de pointes), de mort subite cardiaque et de troubles neurologiques sévères appelés symptômes extrapyramidaux. Ils se manifestent notamment par une contraction involontaire et répétitive de certains muscles, des tremblements, des spasmes… Des dyskinésies peuvent également survenir à cause du traitement.
Ces complications sont démesurées au regard des symptômes que ces médicaments sont censés traiter. Car outre le fait d’être dangereux, ils n’ont pas prouvé leur intérêt. Dans son avis, la HAS note que l’efficacité de la dompéridone n’est pas établie chez l’enfant et l’est mal chez l’adulte à la dose recommandée. Si le métoclopramide a prouvé son efficacité, on ignore dans quelle mesure. Quant à la métopimazine, elle reste le produit pour lequel on a le moins de preuves d’effets secondaires graves… mais aussi d’efficacité.
Par le passé, Que Choisir a déjà alerté contre ces médicaments. Il faut dire que deux de ces trois médicaments figurent sur la liste noire de Prescrire. Et malgré les alertes répétées, une version de métopimazine reste disponible en automédication… Une situation inexplicable au vu des risques encourus par les patients. Alors quelles solutions en cas de vomissements ? Deux mesures sont essentielles : bien s’hydrater – avec de l’eau et non du coca – et essayer de manger afin de limiter la déshydratation et la perte de poids.